Sujet: Starless nightsky |PV Chin-Hae| Sam 3 Fév - 23:13
Starless Nightsky
Wondering if stars do exist
only in dreams
Chin-Hae & SeungJoo
Une semaine déjà que SeungJoo avait finit son séjour à l’hôpital, une semaine qu’il était rentré au dortoir et une semaine qu’il marchait chaque jour sur des ronces en essayant de ne pas s’attirer d’ennuis. Le discours du directeur de l’agence continuait de résonner dans ses oreilles et la culpabilité mélangée à la frustration ne l’avaient pas quitté. Les insomnies avaient repris le dessus, il se nourrissait du strict minimum malgré son amour pour la cuisine, et ses entraînements restaient aussi intenses qu’auparavant. Rien n’avait changé, sinon son angoisse qui avait encore grandit avec la crainte de voir tous ses accomplissements durement acquis avec les années, réduits à néant. Il aurait voulu avoir un plus gros appétit, il aurait voulu ne pas avoir à se noyer dans la musique, dans les rythmes incessants surplombés de basses d’une profondeur insondable pour échapper à la réalité. Il aurait voulu être capable d’ignorer plus que les gens, ignorer également ce qui l’accablait, mais autant était-il capable de cacher son mal être au monde extérieur, autant il ne pouvait s’en défaire. Alors il essayait tant bien que mal de ne pas trop en faire, il essayait de ne pas dépasser ses limites, il essayait de garder un teint légèrement rose, vivant, de s’accorder des pauses dans un monde dont il ne souhaitait pas faire partie. Mais il avait besoin d’échapper à tout ça, de respirer, ne plus se sentir étranglé, douloureusement pris à la gorge face à toute cette situation, et il n’avait d’autre échappatoire que de s’éreinter, épuiser son corps, dans l’espoir de finir par dormir d’un sommeil sans rêve et sans angoisse. Par chance, jusqu’à maintenant, la situation semblait s’être « stabilisée ». Cela dit, il paraissait compliqué de faire pire que le contexte actuel, sinon avec un dernier scandale, un coup de grâce pour sa carrière. Ainsi, il se faisait le plus discret possible, il prenait sur lui, il ignorait les regards appuyés du dirigeant de la maison de disque lorsqu’il le croisait, il ignorait les murmures qui devaient se chuchoter sur son passage dans les couloirs des grands bâtiments… Il avait toujours été doué pour ignorer, toujours très doué pour n’être que vent sur le passage de ses collègues. Un vent talentueux, un vent qui faisait tourner les têtes par sa beauté, mais aussi un vent qui écœurait, intimidait, et qu’on souhaitait tout autant ignorer que lui voulait passer inaperçu. Il avait toujours été doué, pour ne faire qu’exister.
Les écouteurs bien enfoncés dans les oreilles, casquette noire sur la tête et masque de même couleur pour cacher en grande partie son visage, il quittait silencieusement le hall d’entrée, pour retourner au dortoir. Il était déjà 23h, un dimanche, il s’était entraîné toute la journée, et aurait probablement continué si son corps ne lui en disait pas autrement. Il n’avait qu’à marcher quelques minutes pour se rendre à son lit, que quelques minutes dans la fraicheur de la nuit noire avant de s’enfoncer sur son matelas. Alors que le morceau de musique classique qu’il écoutait le maintenait dans une angoisse supportable, il recommençait à se ronger les ongles tandis que ses pas de danseur restaient légers sur le béton dont il sentait les aspérités malgré ses chaussures. Quelques mètres avant d’arriver devant le bâtiment voulu, il délaissa ses doigts pour relever la tête et poser un instant son regard sur le ciel. Ah Séoul et son ciel entièrement noir… Pas une seule étoile en vue. Il aimerait partir quelques jours à la campagne, quelques jours loin de toute cette activité, de tous ces scandales, respirer un air dépourvu de tout polluant, et voir les étoiles. Il avait parfois l’impression de n’en avoir jamais vu, et d’être passé à côté d’un somptueux spectacle. Il avait parfois peur de ne jamais pouvoir le voir.
Le sac à dos tenu par son épaule droite, il baissa la tête et s’engouffra dans le hall de l’immeuble avant de prendre le chemin du dortoir auquel il appartenait. Il lui fallu plusieurs minutes pour monter tous les escaliers qui le menèrent au quatrième étage. Il faisait volontairement durer cet instant où il n’y avait que lui, la musique résonnant dans ses tympans, et le calme de la nuit par les grandes fenêtres, éclairant par sa noirceur chacun de ses pas, marche après marche. Au sein du grand appartement qui servait de dortoir, il ne se sentait pas à sa place. C’était chose probablement normale, compte tenu qu’il n’avait noué de lien avec personne dans cet espace étriqué, encore moins la personne avec qui il partageait sa chambre. On l’ignorait, et il ignorait les autres, c’était bien ainsi… Mais il ne trouvait alors aucun avantage à retourner chaque soir dans cet endroit, pas même le repos. Un petit soupir le quitta lorsqu’il sortit de la cage d’escalier pour se retrouver dans le couloir qui le mènerait à l’appartement. Il n’avait son mot à dire, de toute façon. Sa main se posa lourdement sur la poignée de la porte d’entrée, et il entra en silence avant d’enlever ses chaussures et les ranger méticuleusement à côté de celles des autres « locataires », qu’il décida d’ailleurs de remettre en ligne parfaitement droite contre le bord de la petite marche puisque, apparemment, il était la seule personne en ces lieux à ne pas supporter le désordre.
Alors, il traversa l’appartement sans retirer ses écouteurs. Il n’entendait rien de ce qui se passait autour de lui, mais il pouvait sentir les mouvements dans l’appartement, il pouvait percevoir qu’il n’était pas seul. Cela dit, cela semblait être chose entendue que de le laisser tranquille lorsqu’il rentrait, et ainsi, personne ne lui adressa la parole tandis qu’il faisait son chemin jusqu’à sa chambre. Ou du moins, si quelqu’un l’avait fait, SeungJoo n’avait rien entendu. Il poussa la porte le menant à son lit, fit un pas à l’intérieur avant de refermer ladite porte derrière lui, mais il s’arrêta en voyant le lit opposé au sien. Il fronça légèrement les sourcils. Toutes ces choses… Ces draps, ces objets sur la table de nuit, le bureau, l’étagère, rien n’appartenait à son colocataire. Il en était certain. Il avait l’œil pour remarquer le moindre changement dans son environnement. Un peu confus, il rouvrit la porte pour vérifier qu’il ne s’était pas trompé de chambre -chose idiote puisqu’il lui suffisait de regarder son propre lit pour constater qu’il était au bon endroit-, et fut d’autant plus confus qu’il n’avait pas fait d’erreur. Son colocataire avait changé et on ne l’avait pas prévenu ? Perplexe, il revint dans la chambre en fermant à nouveau derrière lui, puis posa son sac sur son propre lit sans manquer de lancer un regard par la grande fenêtre entre les deux lits. Il ressortirait probablement plus tard dans la nuit, quand l’insomnie reviendrait l’embrasser. Il leva les bras pour s’étirer quelques secondes puis retira sa casquette qu’il posa délicatement à côté de son sac avant de se passer une main dans les cheveux pour les laisser reprendre leur forme naturelle. Enfin, il enleva son masque, le rangea dans le tiroir de sa table de nuit et bascula légèrement tête arrière. La mélodie du piano continuait à résonner dans ses oreilles, alors qu’il fermait les yeux quelques instants, se préparant à revenir à la réalité.
Un à un, il retira ses écouteurs, et soudainement, il sembla reprendre conscience de son propre corps, et ses limites. Ses muscles jusque là étaient encore chaud de cette journée d’entraînement, et il n’avait pas remarqué la douleur qui se frayait tranquillement un chemin jusqu’à ses omoplates, le bas de son dos, sa nuque. Un nouveau soupir lui échappa, et il posa ses écouteurs ainsi que son téléphone sur sa table de nuit avant de se diriger vers son placard aux pieds de son lit pour se mettre à genoux, ouvrir un tiroir et en sortir des patchs chauffants. Il en avait plusieurs boites pleines, signes que ces douleurs n'avaient rien d'inhabituel. Il grimaça en se redressant et retourna jusqu’à son lit pour s’y asseoir à côté de son oreiller, avant d’enlever d’abord sa veste noire, puis son-t-shirt de même couleur. Il plia le tout et posa chaque élément à ses côtés avant de prendre un premier patch, ouvrir l’emballage, et se contorsionner pour l’appliquer dans le bas de son dos. Il en fit de même pour les trois autres, deux sur ses omoplates, et un dernier sur sa nuque, avant de retourner jusqu’à son placard pour en sortir un pull noir en laine. Il n’y avait pas énormément de couleur dans sa garde-robe, c’était une évidence, mais les nuances non plus n’étaient pas nombreuses dans sa vie. En grimaçant encore, il enfila le vêtement et entreprit de reprendre le chemin de son lit. De son côté, tout était tellement bien rangé, qu’on pouvait se demander si quelqu’un y vivait réellement ou si tout n’était pas laissé à l’abandon des regards, comme dans un musée. Les livres sur l’étagère au-dessus de son lit étaient classés en ordre alphabétique, mais aussi par couleur. Les cds qui se trouvaient contre ces quelques livres étaient rangés de la même façon. Son lit était fait méticuleusement, son oreiller gonflé comme neuf, ses draps turquoise sentaient le propre, probablement même le febreeze qui était posé dans l’ombre sous le sommier. Son lieu de « repos » était bien loin de confirmer l’image pleine d’impulsivité et désordonnée qu’on lui avait façonnée.
En se retournant vers son matelas qui l’attendait, il jeta un dernier regard vers toute cette nouveauté dans le coin opposé, se demandant qui allait remplacer celui dont il n’avait connu que vaguement le nom.
We’ll be counting stars in this starless night. We’ll be looking for the moon who shine for us, to find our home again.
Chin-Hae marche dans les couloirs de sa maison de disque. Il marche le sourire aux lèvres, le cœur léger. Il lance des « bonjour » à ceux qu’ils croisent, s’arrête pour discuter avec certaines personnes qu’il connait plus ou moins. Il entre dans une salle où on l’attend. Lui qui d’habitude est plutôt ponctuel se rend compte qu’il s’est laissé distraire par toutes les personnes qu’il a salué et avec qui il a discuté. Il s’excuse platement mais ce fait tout de même remonter les bretelles ce qu’il comprend totalement. Il laisse l’homme l’engueuler pendant cinq minutes avant que ce dernier parle finalement de sa prochaine « mission » même si ce n’est pas réellement une mission. Ce n’est pas grand-chose mais au moins, c’est déjà ça. Il sourit et remercie chaleureusement l’homme avant de sortir de la salle avec ses papiers sous le bras et un grand sourire aux lèvres. Il siffle dans les couloirs. Il est heureux et joyeux et ça se voit.
Il se fige lorsqu’il entend un nom qu’il connait bien avant de se mettre dos au mur, cacher par l’angle du mur. Un homme et une femme parlent ensemble. C’est une discussion qui semble plutôt animer apparemment sans pour autant être agressive. « Vous vous rendez compte ? Je dois trouver une nouvelle chambre pour No Hyun-Ki ! Vous croyez que j’ai que ça à faire ? Si seulement son colocataire n’était pas Lee Seung Joo je n’aurais pas ce problème ! » « Calmez-vous Mademoiselle. Il n’y a plus de chambre libre ou avec un lit vacant ? » « Non, il faudrait que quelqu’un donne son accord pour changer de chambre … Mais avec un tel colocataire … c’est impossible ! » Chin-Hae fronce les sourcils devant cette conversation et surtout la continuité de cette dernière. Il inspire profondément et sort de sa cachette. Il avance vers les deux personnes avec un sourire un peu crispé. Calmement, il les salut avant de dire : « Veuillez m’excuser mais je passais dans le couloir et j’ai entendu votre conversation. » Les deux autres personnes échangent un regard mais Chin-Hae les rassure d’un sourire : « Oh ne vous inquiétez pas, je ne dirais rien en échange, ne dites rien à personne non plus sur ce que je vais vous dire d’accord ? Personne. » Ils acceptent sans rechigner et il ajoute : « Je suis d’accord pour échanger ma chambre avec No Hyun-Ki, cela ne me dérange pas. » La femme ouvre la bouche, les yeux écarquillés mais c’est l’homme qui tente de le dissuader. Chin-Hae ne plie pas, il a pris sa décision et il ne va pas revenir dessus. Elle le remercie de façon profuse mais Chin-Hae sourit simplement. Il part après avoir dit à la femme de le contacter lorsque le changement de chambre va se faire.
Il s’éloigne, une main dans une poche, l’autre tient toujours ses papiers. Il plonge dans ses pensées. Il ne sait pas vraiment pourquoi il a fait cela. C’est son instinct qui lui a dicté sa conduite mais il ne regrette pas. Il déteste que l’on parle ainsi de Lee-hyung. Il le défend même sur la toile de façon anonyme. Il sait que tous ces scandales ne sont pas vrais, peut-être un ou deux mais pas tous, c’est impossible. D’ailleurs le dernier en date à propos de l’hôpital l’inquiète parce qu’on ne va pas à l’hôpital pour une bagarre –ou alors il faut qu’elle soit très mauvaise-. Il y a des centaines de raisons pour lesquels un Homme doit aller à l’hôpital mais ils ont sautés sur une conclusion que les arrange et il n’aime pas ça. C’est peut-être pour cela aussi qu’il veut être à la place de son colocataire … Peut-être souhaite il s’assurer que Lee-hyung va bien. De toute façon, Chin-Hae il admire Seung Joo donc cela ne le dérange absolument pas d’être dans la même chambre que lui et les scandales ? Il s’en fout. S’il est vraiment comme la presse le dépeint il ne lui aurait jamais donné de conseils en danse par exemple ! Il croit en Seung Joo.
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Le lendemain, la femme le contact pour qu’il puisse échanger sa chambre le jour-même. Il accepte sans hésiter mais avoue qu’il ne peut pas s’occuper du déménagement lui-même car il va être occupé toute la journée entre la mission qu’on lui a donné, son entrainement et d’autres choses, ce n’est pas possible. Elle assure qu’elle s’occupe de tout ce qui le rassure. Elle lui communique le numéro de sa nouvelle chambre qu’il note sur un bout de papier qu’il met dans la poche de son pantalon avant de raccrocher pour continuer sa journée. Il annonce à son colocataire qu’il va changer de chambre pour ne pas qu’il soit trop étonné et ce dernier lui répond par SMS avec un smiley qui pleure ce qui fait sourire Chin-Hae qui lui dit qu’ils continueront quand même à ce voir malgré tout.
La journée passe bien trop doucement au goût de Chin-Hae qui est impatient de rentrer dans sa nouvelle chambre et de pouvoir papoter un peu avec Seung Joo même s’il risque de faire le plus gros de la conversation. Cela ne le dérange pas même s’il n’est pas non plus un moulin à parole. Vers 20 heures il revient dans son nouveau dortoir et d’autres habitants l’arrêtent dans la salle commune. Chin-Hae se fait embarquer dans une conversation puis dans des jeux alors qu’il n’a qu’une seule envie, c’est entrer dans sa chambre et ranger un peu parce qu’il suppose qu’ils ont rien rangés comme lui le souhaite … Cependant, il n’arrive pas à se défaire de l’emprise des autres même s’il s’amuse bien. Ils mangent même ensemble et ils n’en reviennent toujours pas qu’il soit le nouveau colocataire de Lee Seung Joo. Certains lui souhaitent bonne chance, d’autre tape son épaule comme pour le consoler mais Chin-Hae ne comprend pas vraiment pourquoi ils font cela. Il ne pose pas la question parce que ce n’est pas important. Ce qui importe le plus, c’est ce que lui pense non ?
Quoi qu’il en soit, près de trois heures plus tard quelqu’un aperçoit Seung Joo et Chin-Hae l’appelle mais il ne lui répond pas, ne le regarde même pas. Il comprend qu’il n’a pas entendu lorsqu’il voit un fil qui court près de son oreille. Le jeune trainee laisse son nouveau colocataire rentrer dans la chambre et il reste même encore un peu avec les autres afin que Seung Joo puisse être un peu tranquille et faire ce qu’il a l’habitude de faire. Maintenant qu’il est là, Chin-Hae se sent un peu stressé parce qu’il se demande s’il va vouloir de lui dans sa chambre et il se pose pleins de questions. Il se demande s’il a bien fait de laisser son instinct prendre le dessus après tout, peut-être qu’il n’a pas envie que quelqu’un qu’il connait entre dans son intimité … Et encore, connaitre est un bien grand mot … Bref, il se dit ensuite qu’il a bien fait. Finalement, dans sa tête c’est un véritable roller coster d’émotion.
Il réussit à sortir de la pièce commune et trouve la chambre. Il reste planté devant comme un idiot. Il lève le poing puis le baisse. Doit-il frapper à la porte ? Après tout c’est aussi sa chambre non ? Il pose la main sur la poignée avant de la retirer. Oui mais s’il est en train de se changer ? Pour un premier soir ce serait la honte d’entrer comme ça … Oui mais s’il s’est endormi ? Argh … Il se décide finalement et frappe deux coups à la porte, pas trop fort au cas où. Il pose ensuite sa main sur la poignée et il pousse la porte. Il passe la tête à l’intérieur de la chambre, elle est allumée ce qui est plutôt bon signe … Non ? Il pose son regard sur son lit puis le tourne de l’autre côté pour rencontrer le regard de Lee-hyung. Comme un imbécile, il appose son poids contre la porte. Il perd l’équilibre et se casse la figure sur le sol, la porte grande ouverte devant Seung Joo. La honte internationale … « Ouch … » Il se redresse et masse sa jambe gauche avant de fermer la porte derrière lui : « Hm … Désolée hyung … Je … Je suis ton nouveau colocataire, on t’a probablement dit ça déjà de toute façon … Heu … Je suis Jung Chin-Hae mais bon, c’est marqué sur la porte ahaha. » Non, il n’avait pas vu que son nom n’est pas encore inscrit. Il se gratte l’arrière du crâne. Il est nerveux. « Désolé de te déranger. » Il est toujours devant la porte et il se demande s’il doit entrer complètement ou bien attendre l’autorisation de son aîné. Il choisit la deuxième option. « J’espère que je ne te réveille pas ? Et puis, comment ça va aussi parce que ça fait un moment que je n’ai pas eu l’occasion de te parler. » Il s’éclaircie la gorge puis dit en regardant autour de lui : « C’est sympa ici ! Bon, je sais c’est toutes les mêmes chambres mais en fait mon ancien coloc est plutôt du genre à laisser tout traîner du coup, c’est un peu le foutoir du coup … Ouai, c’est sympa. » Oui, il va se taire et se cacher au fin fond d’un trou de souris.
SeungJoo était en chemin pour rejoindre son lit, quand tout à coup, un bruit le sortit de son entreprise. On frappait à sa porte. Depuis quand est-ce qu’on frappait à sa porte ? Depuis quand est-ce que quelqu’un s’offrait le luxe de frapper à sa porte ? Ou plutôt, depuis quand est-ce quelqu’un prenait le « risque » de venir frapper à sa porte ? C’était tellement étonnant qu’il s’arrêta en chemin, et se retourna vers la source du bruit tandis que la porte s’ouvrait et… Il ouvrit grand les yeux pour deux raisons. La première étant qu’il ne s’attendait pas à ce que ça soit cet individu qui fasse son entrée, et la seconde que cette dite entrée était des plus fracassantes. Il eut le reflexe mental de l’aider à se relever, mais ce reflexe resta purement mental puisqu’il ne bougea pas de sa position actuelle, le regardant comme s’il était un alien débarquant sur la mauvaise planète. Immobile, il le dévisageait tandis que ce qui semblait être son nouveau colocataire se levait, et il l’écouta lui faire son discours de présentation en silence, avec la même tête surprise qu’il arborait depuis que le plus jeune avait mis les pieds dans sa chambre. Tout d’abord, non, on ne lui avait absolument rien dit. On ne lui avait pas dit que son colocataire changeait aujourd’hui, et on lui avait encore moins dit qui allait remplacer celui qui le quittait -fuyait probablement-. Cela n’aurait pas été étonnant qu’il finisse seul dans cet endroit, et il ne s’en serait probablement pas plaint. Avoir des colocataires qui le regardaient comme s’il était une bête de foire n’avait rien d’agréable, ainsi être seul lui était plus reposant.
SeungJoo le regarda se masser la jambe en haussant un sourcil. Cette maladresse lui rappelait bien pourquoi il avait fini par aller l’aider pour apprendre à danser. Il releva à nouveau les yeux vers son visage, ayant envie de répondre encore que non, son nom n’était pas sur la porte, mais il garda également cette information pour lui. SeungJoo se demandait à présent ce qu’il faisait, planté dans l’encadrement de la porte, si cette chambre était à présent aussi la sienne. Bon, certes, le plus vieux ne lui avait pas exactement ouvert grand les bras pour l’inviter à entrer, mais toutes ses affaires étaient déjà là visiblement, son côté de la chambre était donc déjà proclamé comme le sien. Ensuite, non, il ne le réveillait pas, et en effet, cela faisait bien longtemps que SeungJoo ne lui avait pas adressé la parole. J’en suis bien conscient… Était ce qu’il pensait puisqu’après tout, cela faisait environs un an déjà que le plus vieux faisait tout en son pouvoir pour éviter Chin-Hae. Je dois avoir été un traitre envers mon pays dans une autre vie… Pensa-t-il encore. Après tout, en voyant entrer le plus jeune, SeungJoo n’avait put s’empêcher de paniquer intérieurement. Tous ces efforts réduits à néant en une journée ! Tous ces efforts pour fuir une personne qui se retrouvait soudainement à être son colocataire ! Non non non… S’était-il dit avant de le voir tomber et que la surprise prenne ainsi le dessus sur la confusion. Son regard passa de son visage à la chambre pour essayer de voir de quoi il lui parlait à présent en faisant ainsi des compliments sur l’état des lieux en comparaison à son ancien colocataire… Ah…
« Pffft… »
C’en était trop, SeungJoo avait beau être capable de garder contenance dans les pires circonstances, il pouffa de rire malgré lui face au ridicule de la situation, en ramenant une main devant sa bouche pour cacher en grande partie son sourire éblouissant-oui-, un réflexe qu’il avait acquis d’on ne sait où. Ses yeux expressifs à présent en croissants de lunes montraient un amusement évident en cet instant d’étonnante absence de retenue de sa part. Puis, plusieurs choses arrivèrent en même temps. Tout d’abord, SeungJoo fut le premier perturbé par sa réaction, et il cessa de rire soudainement, le choc tout aussi visible dans son regard que la surprise ou la confusion. Probablement était-ce car il n’avait jamais vraiment d’interactions avec les autres, ou que les autres n’étaient eux-mêmes pas très agréables à côtoyer, ou que lui-même ne laissait pas tellement la place à l’humour, mais il ne riait, ne souriait… Jamais. Il ne se rappelait pas la dernière fois où un tel évènement avait eu lieu, si bien que son propre rire l’avait presque fait sursauter. Un peu comme s’il se découvrait les capacités à émettre des sons étrangers. Il avait l’impression d’avoir été possédé par l’esprit de Li Xia durant ces quelques secondes d’inattention. Pendant ce temps, dans le salon de l’appartement où visiblement, presque tout le monde était réuni, le silence s’installa soudainement. Il n’allait pas les blâmer cela dit… C’était comme entendre un inconnu rire chez soi tout à coup, quelqu’un dont ils n’avaient pas été informés de la présence, tellement SeungJoo ne parlait pas, et ne riait encore moins. Qui n’allait pas avoir peur et envisager sortir une batte de baseball ! Un peu mal à l’aise soudainement, il se racla légèrement la gorge et fit un geste de la main en marmonnant alors qu’il tournait la tête et laisser plutôt son regard aller trouver refuge sur son lit :
« Tu peux entrer, c’est ta chambre aussi… »
Il avança alors vers ledit lit qu’il allait atteindre avant cette entrée fracassante et rentra à nouveau dans son mutisme habituel, à présent assis au bord du matelas en fixant son drap. Un très léger soupir à peine perceptible lui échappa. De l’extérieur, SeungJoo avait l’air comme à son habitude, c’est-à-dire caché derrière ce mur érigé entre lui et les autres, mais en réalité, intérieurement, il se faisait plusieurs commentaires. Eh… Etait celui qui revenait le plus souvent. Un Eh… de quelqu’un qui ne savait absolument pas où se mettre, ne savait ni quoi dire, ni comment agir. Après tout, il avait l’habitude d’avoir des colocataires à qui il n’avait jamais parlé et qui ne cherchaient pas non plus à lui adresser la parole. Alors… Se retrouver en présence de quelqu’un à qui il était allé parler de lui-même un jour, et qu’il évitait depuis longtemps de surcroit était… Déstabilisant. D’autant que Chin-Hae ne semblait pas agir de la même façon que la majorité, il ne l’ignorait pas, il lui souriait, il le traitait comme un être humain, et… Il lui avait rendu la tâche de l’éviter particulièrement difficile jusque-là. Mais alors là ! Il battait des records, il était définitivement impossible pour SeungJoo de l’ignorer alors qu’ils allaient partager la même chambre, que Chin-Hae allait probablement lui parler, tenir compte de sa présence… C’est ainsi qu’il commença à demander à tous les dieux dans un coin de sa tête… Il commença à les implorer de lui dire ce qu’il avait fait dans sa vie précédente. Il avait besoin de savoir… Il avait besoin de savoir pourquoi son karma était si mauvais ! C’était tellement improbable, incroyable, ridiculement incroyable.
We’ll be counting stars in this starless night. We’ll be looking for the moon who shine for us, to find our home again.
Il a fallu qu’il se rende ridicule devant Lee-hyung alors que c’est la première fois qu’il rentre dans cette chambre. Il aurait voulu donner une meilleure impression mais sa maladresse est venue au galop pour lui mettre la honte. Il rougit et tente de se rattraper … Sans succès. Il est un peu nerveux comme la première fois où il a été présenté aux trainees quand il est arrivé dans la maison de disque. Pourtant, il ne doit se calmer après tout, ce n’est pas la première fois qu’il voit Lee-hyung ! Mais en même temps, ça fait tellement longtemps qu’ils ne se sont pas parlé et pas vraiment vu … On ne peut pas lui en vouloir complètement. Ce n’est pas faute d’avoir essayé et il a même réussi à la croiser quelques fois sans vraiment avoir le temps de lui parler, juste lui lancer un sourire, un salut amical avant de repartir. Parfois Chin-Hae a eu l’impression de le voir dans un couloir du coin de l’œil mais à chaque fois qu’il tournait la tête, il n’y avait personne … Les hallucinations sans prendre de drogue c’est pas cool. Bref, il est content de le voir à présent et malgré tout ce qu’il lui arrive, il semble tenir le coup. Oh bien sûr, le fait qu’il le regarde comme s’il a deux têtes est bizarre mais c’est probablement le fait qu’il soit étonné … Mais étonné de quoi ? S’il sait qu’il vient, il n’a pas de raisons de l’être n’est-ce pas ? A moins qu’il ait oublié l’information et qu’il vienne de s’en souvenir ? Oui, peut-être, ç’est peut être cela. Il doit ce dire qu’il a un boulet en guise de colocataire … Bien joué Chin-Hae …
Et puis soudain, alors qu’il ne s’y attend pas, Seung-Joo laisse un rire passer ses lèvres. Un rire qui semble sincère. Bien entendu, Chin-Hae est surpris de le voir rire ainsi, pas parce qu’il le pense incapable de cela non ! Il est surpris parce qu’il ne sait pas ce qui a pu causer son hilarité à part bien entendu son idiotie. Au pire, il s’en fiche et il offre un grand sourire à son aîné et ferme complètement la porte afin qu’ils puissent être tranquille mais déjà, le rire a disparu. Il le voit encore une fois surpris mais Chin Chin lui est ravi de l’avoir vu rire –enfin entendu pour le coup mais c’est un détail. Il a envie qu’il continue de rire parce qu’avec tout ce qu’il vit en ce moment, il a besoin de se détendre. Chin-Hae a envie de lui dire qu’il a le droit de rire, qu’il a le droit d’être heureux malgré tout ce qu’il se passe mais il n’ose pas par peur de remuer le couteau dans la plaie. Il espère sincèrement que Seung-Joo va continuer de rire en sa présence car quelque part, cela signifie qu’il l’accepte un petit peu. Tout du moins c’est ce que disait son père. Il lui dit souvent : ‘quand tu ris avec une personne ou qu’une personne rit à une blague c’est que cette personne t’accepte’. Il suppose qu’il a raison … Enfin, dans tous les cas, ce moment est passé bien trop vite et Seung-Joo semble de nouveau l’éviter et entrer dans une bulle inaccessible au commun des mortels comme Chin-Hae.
Chin-Hae fait quelques pas dans la chambre, pousse les deux cartons qui se trouvent sur son lit et s’assoit sur ce dernier. L’avantage c’est qu’il est fait … L’inconvénient c’est qu’il va devoir ranger ses affaires. Il teste le matelas et sourit satisfait. De toute façon, il n’est pas bien exigeant alors ça lui convient. Il dit au final : « C’est peut-être ma chambre mais c’est aussi la tienne et tu y vis depuis plus longtemps que moi. C’est pour ça que je ne bougeais pas vraiment, je ne savais pas si tu m’acceptais … » Il se gratte l’arrière du crâne. Il regarde ses cartons comme s’ils allaient se ranger de façon magique puis soupire doucement : « Hm … Ca ne te gêne pas si je range tout ça demain ? Bien sûr, je garde le tout de mon côté … » Il désigne du pouce les cartons. Très sincèrement, il a vraiment la flemme de tout ranger après tout c’est presque minuit. Il s’étire longuement et laisse le silence s’installer. De son côté, ce n’est pas un silence qui le met mal à l’aise mais plutôt un silence qui calme l’esprit. Il plonge alors son regard noir sur son aîné avant d’ajouter : « Oh … Hm … Par contre, je ne sais pas si tu as des règles que je dois respecter ? » Ben quoi ? Pour une bonne colocation il faut parfois mettre quelques règles non ? « Par exemple, mon ancien coloc’ et moi on avait établi que l’on ne devait prévenir l’autre si on rentrait un peu plus tard que prévu afin qu’il ne s’inquiète pas et que l’on ne fasse pas trop de bruit quand on rentrait à partir d’une certaine heure pour ne pas réveiller l’autre et ce genre de choses quoi. Du coup, s’il y a des choses que tu as envie qu’on établisse, j’écoute ! » Il sourit, il est normal que Seung-Joo et lui-même souhaite garder un minimum d’intimité sur certaines choses. C’est donc normal pour lui qu’il y ait quelques règles dans une colocation mais peut-être que ce n’est pas la même chose pour Seung-Joo. Il se reprend alors : « Heu … Enfin, j’veux dire c’est pas obligé hein mais … heu … je veux dire par là que si tu n’en a pas, y’a pas de soucis, je respecterais tout de même la chambre et ton intimité et ce genre de truc quoi ! » Il a le droit d’enfoncer sa tête dans le mur ou c’est une option ? Il choisit l’option de prendre son oreiller et de le mettre sur son visage, c’est beaucoup moins dangereux et il n’aura pas de dette de réparation à payer au moins. Un « urgh, idiot » étouffé s’échappe de ses lèvres. Oui … idiot, totalement, définitivement.
SeungJoo avait bien des talents, mais celui de sociabilisation ne faisait pas partie de ceux qui lui avaient été confédérés à sa naissance. C’est ainsi qu’après avoir été profondément perturbé par sa propre réaction quelques secondes plus tôt-son rire intempestif-, il s’était replongé dans son mutisme qui lui servait de barrière face au monde extérieur, face aux autres, et qu’il créait, tout seul, un malaise qui le faisait cogiter encore et encore. Fort heureusement pour lui, le plus jeune ne semblait pas impacté par le tumulte intérieur de SeungJoo. Car si tel avait été le cas, il serait probablement parti en courant, vu combien il paraissait déjà particulièrement nerveux… S’il devait en plus vivre la panique sous-jacente du plus vieux, il n’aurait pas fait long feu ! Ou peut-être SeungJoo se trompait-il et Chin-Hae avait une résistance au stress à toute épreuve… Il n’en savait rien, au fond, peut être sa nervosité était-elle plus facilement extériorisée et ainsi, il ne l’accumulait pas, lui donnant ainsi une résistance plus forte qu’il n’y paraissait ?
A présent assis sur son lit, le danseur observait longuement ses draps bleus. Ils étaient propres, mais ils étaient froncés par sa position venant tirer sur les fibres de la matière. Cherchant désespérément un moyen de détourner sa propre attention, SeungJoo commença à tirer doucement sur son drap, comme si cela allait réellement lui permettre d’obtenir un tissu parfaitement plat. Or, chaque fois qu’il tirait, le pan qu’il avait attrapé se fronçait à nouveau lorsqu’il le relâchait. Têtu, le plus vieux continua encore et encore à tirer et lâcher, tirer et lâcher… En ignorant la douleur lancinante qui assaillait son pauvre dos qui peinait déjà à se détendre, tandis qu’il se penchait et se redressait inlassablement, sourcils froncés de frustration. SeungJoo continua à s’activer de cette façon jusqu’à-ce que la voix de son colocataire ne le sorte de cette obsession et l’arrête net dans ses mouvements. Il continua quelques secondes à fixer son matelas, mais finit par dévier son regard sur le plus jeune, en profitant pour se redresser pleinement, assis bien droit et venant mécaniquement et inconsciemment se masser l’épaule droite de sa main gauche. Il l’écoutait lui parler d’acceptation, et cette simple pensée de sa part illustrait très bien pourquoi SeungJoo avait prit l’habitude de fuir Chin-Hae. Enfin… Qui se souciait de savoir si SeungJoo acceptait qui que ce soit ? Qui de saint d’esprit, ou qui ne faisant pas preuve de naïveté se demanderait si SeungJoo acceptait ou non la présence de son colocataire ? Personne (et il n’avait pas envie de provoquer des problèmes ou faire du mal à quelqu’un qui présentait ces caractéristiques). C’était bien simple, SeungJoo n’avait jamais eu de choix à ce niveau-là, et sur bien d’autres. Et il n’avait pas non plus eu le choix avec Chin-Hae. Cela dit il garda ses pensées pour lui, puisqu’elles seraient probablement reçues de façon trop sèche, alors que le plus vieux ne voyait les choses que d’un point de vue « réaliste », terre à terre ou plutôt… Il tirait des conclusions des constats qu’il avait pu faire depuis de nombreuses années. Et il pouvait également constater à présent que… Chin-Hae était soit naïf, soit mal informé à son sujet, soit… Il n’avait pas d’instinct de survie ? C’était également une possibilité à explorer. Puisque -encore le même questionnement-, qui ayant un instinct de survie bien développé, et un début de carrière sans encombre, prendrait le risque d’agir normalement et considérer ce que quelqu’un comme SeungJoo pouvait bien penser ?
Il l’observait silencieusement, puis dévia son regard sur les cartons qu’il se fit montrer. Toujours aussi bavard, il reposa les yeux sur Chin-Hae après un court instant. Il ne disait rien, ce qui pouvait très bien être interprété comme un accord silencieux de sa part, et c’était exactement ce dont il s’agissait. SeungJoo était maniaque de l’ordre et la propreté, mais il avait appris à vivre avec ses précédents colocataires pas toujours très « propres ». Et puis… Les affaires de Chin-Hae étaient rangées, en un sens. Dans des boites. Des cartons, moches et probablement couverts de bactéries, mais elles étaient rangées. Et puis… Le côté opposé de la chambre n’était pas le sien, il ne pouvait donc en général que supporter ce qu’il voyait en face, gardant ses réactions intérieures pour lui. C’était probablement un des facteurs qui l’avaient forcé par le passé à ne fréquenter cet endroit que le strict minimum. Comment pouvait-il, en plus de toutes les raisons énumérées plus tôt, se sentir chez lui, alors que perfectionniste et obsessionnel qu’il était, il se retrouvait à chacun de ses retours face à son pire cauchemar ? Ou en tout cas, l’un des pires, ou l’un de ceux qui le rendaient fou en un temps record et provoquaient une angoisse supplémentaire qui venait s’ajouter à celles qui s’étaient déjà bien amoncelées depuis des années.
Il haussa un sourcil en l’entendant continuer à parler tout seul au sujet de « règles ». SeungJoo affichait donc sa première expression faciale en quelques minutes, qui se traduisait assez facilement par de la confusion qui s’évanouit progressivement alors que le plus jeune expliquait plus précisément ce dont il parlait. Le plus vieux se demandait à présent ce qui devait être vu comme des règles ou non, ce qui devait surtout être dit ou non. Clairement, Chin-Hae n’avait rien de son colocataire lambda auquel il s’était habitué, et il n’avait aucune idée de ce que le plus jeune devrait savoir pour passer un « séjour » agréable dans cette chambre pour le moment très silencieuse. D’ordinaire, tout était implicite, d’ordinaire on ne se souciait pas vraiment de savoir à quelle heure il rentrait, on ne se souciait pas vraiment de faire du bruit ou non, on ne se demandait pas quelles étaient les règles…D’ordinaire, avec SeungJoo, on vivait en évitant le danseur, en ignorant sa présence lorsqu’il venait poser son corps épuisé sur le matelas durant quelques heures. Non, on ne lui avait définitivement jamais demandé s’il y avait des limites à ne pas dépasser. Même à ses débuts en tant que trainee, les choses étaient légèrement plus faciles avec ses premiers colocataires, il parlait un peu plus qu’à présent, mais il n’avait jamais établi de règle, ou pas qu’il se souvienne. SeungJoo fronça à nouveau légèrement les sourcils en se remettant à lorgner sur les plis de son drap sur lesquels il tira un peu avec deux doigts, délaissant son épaule qu’il fit plutôt un peu rouler pour la détendre. Il entendait Chin-Hae marmonner, lui jeta un petit regard en se demandant ce qu’il fabriquait bien qu’il croyait comprendre qu’il était plus ou moins aussi nerveux qu’il en avait eu l’air en arrivant, puis revint encore à ses draps.
« Je ne sais pas trop… »
Admit-il d’abord avant de passer sa main qui ne jouait pas avec le tissu, dans ses cheveux roses meurtris par les trop nombreuses décolorations malgré tous les soins auxquels ils avaient droit.
« Je ne rentre pas vraiment à des heures fixes… »
Continua-t-il un peu, pensif. Il ne rentrait pas à des heures fixes, mais depuis une semaine, il rentrait plus tôt qu’avant, si l’on pouvait considérer que 23h ou minuit était tôt pour rentrer quand on commençait sa journée aux aurores à cause des insomnies. Il faisait cependant de son mieux pour ne pas que son corps lâche, tout en ne pouvant complètement s’empêcher de s’épuiser autant qu’il le pouvait.
« Tu peux me demander des choses plus précises si tu en as en tête… Je pourrais peut-être mieux répondre… Et toi… Tu as des règles qui sont importantes pour toi ? »
Dit-il en tournant la tête vers lui. SeungJoo qui renvoyait une question relativement « personnelle » -pour lui, tel était le cas-, relevait du miracle. SeungJoo qui faisait des efforts pour répondre à une question « personnelle » relevait aussi du miracle. La raison à cette attitude exceptionnelle résidait encore probablement dans le fait que Chin-Hae ne faisait pas de différence entre lui et une personne dite « normale », autrement dit une personne qui n’aurait pas été assaillie par les scandales. En retour, SeungJoo faisait probablement inconsciemment la différence entre les autres, et Chin-Hae. Il avait toujours essayé d’aider le plus jeune avec ses conseils en danse, il avait toujours eu une tendance à être d’ores et déjà moins froid que d’ordinaire, et à apprécier finalement qu’il ne continue à lui sourire. Il fallait dire que Chin-Hae avait un beau sourire, avec ses fossettes qui ressortaient à chaque fois qu’il affichait le moindre signe de contentement, SeungJoo aurait probablement été triste que le plus jeune ne cesse d’agir normalement en sa présence, après que les scandales aient éclatés. Il lui était certainement reconnaissant d’être resté fidèle à lui-même, et le plus vieux le lui rendait à sa façon.
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