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 Strike the Pose - (ft. Seon Sojung)

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MessageSujet: Strike the Pose - (ft. Seon Sojung)   Strike the Pose - (ft. Seon Sojung) EmptyLun 26 Mar - 0:00



"Strike the pose"


THE ROAD TO HELL IS PAVED WITH GOOD INTENTIONS


Je ne suis pas quelqu’un se souciant beaucoup de l’avenir. Ca, je pense que vous vous en êtes pas mal aperçus depuis le temps. Savoir de quoi demain sera fait, c’est le cadet de mes soucis. Du moins, c’était. Le temps. Le temps qui passe et qui flétrie les roses, comme écrivait Ronsard. Voilà ce qui est sans conteste, à l’exception de moi-même, mon pire ennemi. A l’instar de mes autres collègues mannequins, je ne suis qu’une image. Une image divine, fantasmée et idéalisée. Les ravages et le poids des années qui se dérident, sur mon visage et mon corps sont ma hantise. J’ai déjà eu recours à quelques petits trucs et astuces, comme des injections de botox ou le fameux fil d’or. C’est un fait et je ne m’en suis jamais caché. Hélas, c’est un faible gain. Un gain qui revient à appliquer un pansement sur une plaie béante. J’ai trente-trois ans. Dans seulement quelques mois, je prendrais une année de plus. Un âge canonique dans ce petit monde très fermé qu’est le mannequinat. Je ne vais pas me mentir ni me voiler la face, les contrats et les offres abondent nettement moins qu’il y a quelques années de cela. Oui, je dois apprendre à conjuguer avec l’émergence de nouveaux visages, tout aussi ambitieux que moi. Tous ces wannabes ont peut-être l’insolence, la fraîcheur et l’insouciance de la jeunesse de leur côté, mais cela ne suffit pas. Il leur manque certaines choses. Des choses que j’ai acquis au fil des années.

L’expérience, l’aura et le talent. Sans parler de ma prestance et de mon charisme intrinsèque. Je sais exactement ce que je dois donner sur un podium ou face à un objectif. Coller au plus près à la vision et aux attentes des créateurs, sont des choses que je réalise mieux que quiconque. Voilà donc pourquoi, on continue à me faire confiance et à me solliciter plus que de raison. Toutefois, je sens et je sais que le déclin est entrain de s’amorcer. Cela serait mentir, si je prétendais ne pas avoir pris un sérieux coup sur la tête il y a trois ans, lorsque j’ai fêté mes trente printemps. Enfin, mes trente automnes en l’occurrence. Après tout, j’ai fait mon temps. Je sais bien que je suis de moins en moins crédible dans le rôle de la gueule d’ange et du bel éphèbe. L’heure est sans doute venue pour moi de raccrocher et de tirer ma révérence. Après moi, ça sera véritablement le néant dans l’univers du mannequinat coréen. Qui plus est, il est bien plus difficile de se faire un nom dans le milieu de la mode lorsque l’on est un homme, que lorsqu’on est une femme. On connaît tous Naomi, Gisèle, Cara, Gigi. Mais si je vous demande là à chaud, de me citer le nom d’un top model masculin, je suis sûr que vous êtes bien en peine pour m’en donner un. Pour nous autres les asiatiques, c’est d’autant plus dur de rivaliser face aux apollons latinos, européens et anglo-saxons. Notre mètre quatre-vingt à tout cassé, nos visages de poupon, notre allures androgynes et nos silhouettes d’éctomorphes, nous desservent plus qu’autre chose.

Je suis le seul et unique mannequin coréen, à avoir réussi à s’exporter en dehors des frontières du Pays du Matin Calme. J’ai fait la une de tout les magazines possibles et imaginables. J’ai défilé pour les plus grands. Oscar de la Renta, Dior, Saint-Laurent, Givenchy, Prada et j’en passe et des meilleurs. J’ai été leur muse. Leur égérie. Leur mannequin fétiche et vedette avec lequel ils inauguraient ou clôturaient un défilé. Oui, j’ai une renommé de niveau internationale. Le hic, c’est qu’ici en Corée, j’ai très mauvaise presse et suis très mal perçu. « Le traître » ; « Le vendu à l’occident » : voilà ce que je peux lire et entendre parfois. Véritablement, c’est le grand drame de ma vie. De ne pas être adulé et aimé par mes compatriotes. Mais bon, passons. L’heure n’est pas à l’apitoiement et aux lamentations. Pour mes collègues et frères asiatiques, c’est tout l’inverse. Eux sont de véritables icônes de la mode et des sex symbols en Corée. Je ne me suis jamais trop préoccupé de l’héritage que je laisserais derrière moi. Mais maintenant … maintenant, l’idée d’avoir un successeur, de trouver le ou la « Ki O 2.0 » est plus forte que jamais. Je ne peux décemment pas partir comme ça. Sans avoir l’assurance et la certitude, qu’il y aura quelqu’un digne de moi pour reprendre le flambeau. Par chance, il se pourrait bien que j’ai trouvé ce fameux quelqu’un. Seon Sojung. Une jeune lionne ambitieuse et prometteuse.

C’est d’ailleurs en grande partie ce trait de caractère, qui m’a immédiatement plu chez elle. Enfin ! Enfin quelqu’un qui soit digne de moi. Dommage qu’elle soit si ingénue et effacée. Elle manque cruellement de force de caractère et de confiance en elle pour s’affirmer. Ce qui est essentiel pour percer, et surtout survivre dans cet univers de requins qu’est la mode. Sans cela, jamais elle ne franchira le cap au-dessus. Elle se cantonnera à des contrats de faible envergure. Oui, elle est encore trop tendre et « green ». C’est loin d’être gagné. On part de très loin. Un chantier colossal et titanesque. Ce qu’elle peut m’énerver à douter, et à ne pas avoir pleinement conscience de son talent, ainsi que de son immense potentiel ! On n’a pas le temps de douter. On a beaucoup de travail. J’aimerais que nous disposions de plus de temps, mais ce n’est malheureusement pas le cas. Maintenant que je l’ai entraîné dans mon sillage, elle a changé de catégorie. Les contrats qu’on lui propose sont bien plus prestigieux. Elle devient une étoile montante, une valeur de plus en plus sûre. Fatalement, elle est également la femme à abattre, celle qu’il faut écarter et mettre hors-jeu. Voilà pourquoi, j’exige de poser avec elle lors de chaque shooting photo, et de parader à ses côtés à chaque défilé. Si je la laissais livrée à elle même dans la cour des grands, mon poulain aurait très vite fait de se faire hacher menu et manger toute crue.

Aujourd’hui, nous avons une longue et rude journée. On commence aux aurores : huit heures du matin. Je l’attends emmitouflé dans mon long manteau gris, et dans le froid de Mars au pied du siège social de Dolce & Gabbana. C’est nous qui allons assurer la campagne publicitaire de la collection Automne/Hiver 2018. Il y a tout ce qu’il faut à l’intérieur. Un immense set photo, avec des moyens technologiques phénoménaux, afin de changer de décor à l’infinie. Cela fait dix bonnes minutes que je trépigne sur place et l’attend, un gobelet de café à la main. L’impatience me fait fumer cigarette sur cigarette. Qu’est-ce qu’elle fout putain ?! On ne fait pas attendre Dolce ! Un taxi s’immobilise. La jeune femme en sort et marche en toute hâte vers moi. Je lui donne une accolade. C’est ainsi que nous nous saluons, depuis que nous sommes devenus plus proches. Sur un ton trahissant mon agacement, je lui dis : « Ah bah tout de même, je commençais à désespérer ! Un peu de plus, et je pensais que tu allais nous poser un lapin à tous. ». La ponctualité est une qualité essentielle pour un mannequin. Les photographes sont souvent des nerveux et des speeds, piqués ou shootés à la coke. Lorsqu’ils vous disent huit heures, cela signifie que vous devez être prêt, sur le pied de guerre et opérationnel à sept heures et quart. Ce ne sont pas des gens connus pour leur patience.

Si un grain de sable vient gripper leur machine, ils peuvent se mettre vraiment en colère. Si cela se sait et remonte jusqu’aux oreilles du commendataire, c’est le fiasco assuré. Vous devenez la risée de la profession. La honte de votre agence, si vous en avez une, ou de la personne qui chapeaute votre carrière. Continue comme ça ma petite, et tu risques de te brûler les ailes ainsi que de te cramer bêtement toute seule. Ma cadette de onze ans, s’excuse et me dit à bout de souffle que ce n’est pas de sa faute. Elle me sort toute une tripotée d’excuses, qui à mon sens n’ont ni queue ni tête. Un certaine Hyorin qui la je-ne-sais-pas-quoi. Une espèce de connasse qui lui a piqué le taxi qu’elle avait hélé en sortant de chez elle. Je décroche très vite. Mais je m’en fouuuuus de ta vie ma chérie ! Tout le monde s’en fout. On est des mannequins. Des images. Tout ce que l’on nous demande, c’est d’être beau, de marcher, sourire et surtout de la fermer. Nos vies et nos états d’âme ne les intéressent pas le moins du monde. J’agite la main pour l’inviter à se taire. En vain. Je hausse donc le ton, et lui tends le gobelet de café que j’avais pris un peu plus tôt pour elle. « D’accord, d’accord, d’accord. Ca va. J’ai compris. STOP ! Ce n’est pas de ta faute, soit. Tiens, avale ça. Tu en auras grand besoin pour tenir le coup. Trois contrats aujourd’hui Seon. Ils ne vont pas se faire tout seuls. Aller, aller, on s’active. Presto, rapido ! ».

Il n’y a aucune virulence ou mépris dans mes propos. Peut-être juste un peu de fermeté, pour lui faire comprendre que tout ceci est très sérieux, et qu’elle ne doit en aucun cas laisser sa vie privée venir parasiter son travail. Rassurez-vous, en temps normal, je l’appelle Sojung. Toutefois, j’ai pour habitude de la nommer par son nom de famille, lorsque je veux vraiment insister ou enfoncer quelque chose dans sa caboche. Je ponctue mon propos sur ton énergique et en tapant dans mes mains, afin de la réveiller, la motiver et aussi la dynamiser. J’ouvre donc la marche, et entre dans le bâtiment. Mon poulain m’emboîte le pas, et me suit de près. Après avoir emprunté tout un enchevêtrement de couloirs, nous arrivons enfin à notre loge commune. A l’intérieur, plusieurs tenues à nos noms sont entreposées sur des cintres. Sans plus attendre, je prends la première étiquetée « Ong Ki O ». La jeune femme en fait de même, avec la première de celles lui étant destinées. Je quitte mon pull en mohair, et le troque contre une chemise blanche et satinée. Alors que je me débats afin d’entrer dans un jean excessivement trop moulant, je demande à Sojung sur un ton semblable à celui d’un professeur interrogeant sa classe : « Bien, je t’écoute. Qui, quoi, pourquoi et qu’est-ce que nous devons donner ? ». J’ai pour habitude de toujours la forcer à faire un petit brief, juste avant de honorer un contrat. Ainsi, elle a les idées au clair et sait ce qu’elle doit faire pour coller le plus possible, à la commande qu’on lui a confiée. Pour qui travaille-t-on ? Dans quel but et pour quelle occasion ? Quel en est le thème ? Quelles attitudes doit-on arborer face à l’objectif ? Cet exercice peut de prime abord paraître bête, lourd et rébarbatif, mais je trouve qu’il est crucial pour entrer doucement et de la meilleure des manières dans le bain.

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Dernière édition par Ong Ki O le Mer 28 Mar - 20:46, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Strike the Pose - (ft. Seon Sojung)   Strike the Pose - (ft. Seon Sojung) EmptyLun 26 Mar - 21:05

Strike the Pose

  Ong Ki O & Seon Sojung  


 Ong Ki O & Seon Sojung

 
« Ah bah tout de même, je commençais à désespérer ! Un peu de plus, et je pensais que tu allais nous poser un lapin à tous. » Oups. Je regarde Ki O, les lèvres pincées, à la recherche d'une quelconque excuse. Oui, ce matin mon réveil n'a pas voulu sonner et je n'ose pas le lui avouer. « Non, mais tu vois, ce matin j'ai reçu un appel super urgent de Hyorin, puis la conversation s'est étendue, et ensuite quand j'ai voulu sortir pour chercher un taxi, j'ai mis deux ans à en trouver un et le seul trouvé bah une femme m'est littéralement passée devant pour le prendre à ma place et je- » En plein dans mes explications, Ki O me coupe la parole, exaspéré de mon excuse à la noix : « D'accord, d'accord, d'accord. Ça va. J'ai compris. STOP ! Ce n'est pas de ta faute, soit. Tiens, avale ça. Tu en auras grandement pour tenir le coup. Trois contrats aujourd'hui Seon. Ils ne vont pas se faire tout seuls. Aller, aller, on s'active. Presto, rapido ! » Je fixe simplement Ki O, avant d’acquiescer rapidement. Voyant que le trentenaire ouvre la marche pour entrer dans le bâtiment, je le suis de près. Tout en observant autour de moi, je remarque quelques cintres sur lesquels sont soigneusement posés nos tenues. 


Alors que j'attrape le premier vêtement dans mes deux mains, Ki O prend la parole : « Bien, je t'écoute. Qui, quoi, pourquoi et qu'est-ce que nous devons donner ? ». Avec Ki O, nous avons l'habitude de faire un petit brief juste avant de commencer le shooting. Rapidement, je lui répond : « Dolce & Gabbana viennent de sortir leur nouvelle collection Automne/Hiver 2018. Les vêtements ont l'air, plutôt chics, alors nous devons paraître comme des personnes assez classes, en toute évidence. » Fixant le mannequin dans les yeux, j'attends qu'il acquiesce afin de commencer à enfiler la première tenue avec laquelle je vais poser.


Devant l'objectif, je regarde tous les photographes faire des vas-et-viens dans tous les sens. J'oublie toujours à quel point les paparazzis sont speed, des vrais petits asticots. Pas croyable. Je souffle doucement en fermant mes yeux, cherchant de la concentration. Bien, Sojung, tu vas devoir jouer quelqu'un qui a de la classe, portant donc des vêtements de luxe. Rouvrant les yeux, je laisse mon regard se poser sur le centre de l'objectif, avant de commencer à faire une multitudes de poses entre chaque cliché. Mais, à aucun moment je ne souris ; c'est un peu ma marque de fabrique, ma signature. Je sais que Ki O me regarde, m'évalue. C'est d'ailleurs pour ça qu'il est là, à me suivre partout. Enfin, c'est moi qui le suit partout. Ça fait un moment qu'on se connaît, mais je n'ai jamais réussi à me souvenir de comment on s'est rencontrés. Je lui demanderais plus tard


Je me repose sur la chaise à côté du studio de photo, profitant de ma pause pour boire quelque chose. Alors que Ki O s'assied à côté de moi, je repense à mes pensées un peu plus tôt. « Ki O ? Tu te souviens de comment on s'est rencontrés ? »


 
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MessageSujet: Re: Strike the Pose - (ft. Seon Sojung)   Strike the Pose - (ft. Seon Sojung) EmptyMar 27 Mar - 15:08



"Strike the pose"


THE ROAD TO HELL IS PAVED WITH GOOD INTENTIONS


Raaah, fait chier bordel ! Sérieux, à moins d’être un anorexique au dernier degré, je mets au défi n’importe quel homme normalement constitué d’entrer dans ce putain de jean. Jusqu’à présent, entre Dolce et moi ça a toujours été une grande histoire d’amour, mais là il se pourrait bien qu’il commence à y avoir de l’eau dans le gaz. Tsss … . Vous voyez le tableau : je t’aimais Dolce, mais tu n’arrives plus à me rendre heureux, je demande le divorce. Tout ça à cause d’un malheureux jean. Affligeant ! Non mais franchement, ce n’est pas possible, les gars et les meufs de la conception ont craqué leur string. C’est tout sauf du 38. Au mieux, c’est du seize ans, et encore je suis gentil. Si c’est intentionnel et voulu, alors les stylistes de chez D&G sont vraiment des sadiques. Dire qu’il y a cent ans de cela, Coco Chanel libérait les femmes du corset … . Eh bah, aujourd’hui Dolce emprisonne les hommes dans le super skinny ! Quel monstrueuse régression. Si d’aventure je croise la route du salopard de mes deux qui a désigné cette merde, je vous promets de lui faire bouffer ses crayons et ses croquis à c’t’ordure ! Et pas par l’office buccale, si vous voyez ce que je veux dire … . Alleeeer, encore un petit effort, j’y suis presque. Voilà ! Ah bah, je ne peux plus respiré moi dit donc. Outch, mon entrejambe. Tiens, ça me rappelle la fois où … Ahem ! Passons.

En tout cas, cet instrument de torture doit certainement être le nec plus ultra pour castrer un bonhomme. De quoi ravir les féministes les plus zélées. Au moment où je pense être au bord de l’apoplexie, Sojung répond à la petite interro orale à laquelle je l’ai soumise un peu plus tôt. Oui. Très bien. Parfait. Niquel, c’est un quatre à la suite. Me voilà rassuré. Elle a la bonne attitude et est dans l’ambiance. Visage fermé, stoïque et dénué de toute expression, je hoche la tête et dit sur un ton d’une impassibilité glaçante, un laconique : « Excellent. ». Depuis temps qu’on bosse ensemble, Sojung sait que je ne suis pas quelqu’un de démonstratif. D’autant plus lorsqu’il s’agit de faire des compliments. Là, je suis au niveau maximum de sympathie que je peux témoigner envers autrui. Après avoir déposé de façon décontracté le Borsalino accessoirisant la tenue sur mon chef, je fais tourner mon index afin d’inviter la jeune femme à pivoter pour que je l’aide à fermer sa robe. L’étudiante en stylisme relève sa sombre et longue chevelure, alors que je m’affaire minutieusement et doucement à zipper la fermeture éclaire de cette robe, qui doit au moins valoir au bas mot 30 000 dollars. Alors que je m’apprêtais à faire part à mon élève d’une nouvelle de la plus haute importance, un technicien fait irruption dans la loge, sans se donner la peine de frapper.

Mais tu as été élevé chez les sauvages toi, ou quoi ?! On t’a jamais appris à … . Ah, il faut y aller ? Tu ne pouvais pas le dire plus tôt, abruti ! Sur le set pour le shooting, un photographe à la déglingue improbable avec lequel j’ai déjà maintes fois collaboré, effectue les derniers réglages de son appareil. Dans un débit de mitraillette, il nous balance ses directives : « Ok. Ki O chéri, tu t’appuies contre le bureau et la tiens fermement par la hanche. Bien en propriétaire, enfin tu vois. Toi la gamine, tu te te colles à lui, passes une main dans ses cheveux et pose l’autre sur son torse. ». D’accord, je vois le genre … . Le stéréotype de la secrétaire minaudant avec son boss. Comme c’est original … ! De bonnes grâces, je me plie à l’exercice. Le flash de l’appareil crépite et m’éblouit. Une chose qui n’a de cesse de me griser et de me faire planer. Je crois bien que jamais je ne pourrais m’en lasser. Tout se passe admirablement bien. Du moins, de mon point de vue. Le photographe qui mitraille en rafale n’a pas l’air de cet avis. « Plus vivant. Encore. Plus vivant. ». Il répète ces mots tel un mantra. Plus vivant, plus vivant … il est marrant lui ! Je ne peux pas faire plus, sinon je vais avoir l’air niais. En roulant des yeux vers ma partenaire, je me rends compte que ces ordres ne me sont pas destinés. Mais ce n’est pas vrai ! Encore cette gueule de six pieds de long et ces yeux vides.

Je pensais pourtant avoir été clair il y a trois jours, lors du défilé Mugler. Toi ma chérie, il va encore falloir qu’on bosse et qu’on diversifie sérieusement ta palette d’expressions. Parce que là, on dirait un flamant rose empaillé ! C’est juste pas possible. A l’aide de ma main sommeillant sur la hanche Sojung, je lui pince une parcelle de peau. Cette dernière sursaute légèrement, puis son visage s’anime enfin. Et ce, pour la plus grande joie du photographe qui multiplie les « Oui voilà, c’est ça ! Parfait ! Avec de la passion. Oh, c’est sublime ! ». Trois quart d’heures et cinq changements de tenue plus tard, l’artiste torturé invite tout le monde à prendre un petit quart de pause. Tandis que j’en profite pour m’étirer et me dégourdir les jambes, mon empotée d’assistante arrive comme une dératé avec deux gobelets de café qu’elle s’empresse de nous donner. Sans prendre la peine de la regarder et de la remercier, je m’empare du miens et lui dit sur un ton suffisant : « Appelez No Ji et dîtes lui que je ne veux pas poser pour le prochain numéro de Vogue, avec cette fille dont il m’a parlé pour leur double page Seychelles. J’avais dit jeune, mince sportive. Je vois du sale, du fatiguée, du bedonnant. Ensuite, réservez une table pour deux chez Funaki, pour Vendredi à 21 heures. Dîtes oui à Song Min. Non à Woo Dan. Relancez Myung Hee. Enfin, appelez Kosuke et dîtes lui non, pour la énième fois non : je ne veux pas de meringue, je veux une tarte fourrée à la compote de cerise. ».

La jeune femme corvéable à merci et me faisant office d’’assistante, griffonne frénétiquement dans un petit carnet noir afin d’être sûre de ne rien oublier. Tout en soufflant légèrement sur mon café, j’agite de façon dédaigneuse la main, invitant ainsi mon employée à disposer. Pfff, je suis certain qu’elle va encore tout mélanger. C’est quand même incroyable. Depuis quand Séoul est-elle tombée en pénurie de fille qui soit jolie, compétente et un minimum intelligente ? Je demande l’impossible peut-être ? On dirait, hein ! Une fois de nouveau seuls et tranquilles, ma petite protégée me demande si je me souviens de notre rencontre. Roh, tu parles si je m’en souviens ! Comment oublier un tel moment. Ce jour-là, j’étais d’une humeur massacrante, pour changer. Je venais tout juste de me friter une fois de plus au téléphone avec So Ra, l’aînée de mes demies-sœurs, au sujet d’un gala de charité qu’organisait la Global Flux Tech, et auquel je n’avais pas la moindre envie d’assister. La malheureuse Sojung a donc fait les frais de ma mauvaise humeur. Un sourire à peine perceptible se dessine au coin de ma bouche. Je baisse la tête quelques instants, puis regarde de nouveau les lèvres de mon interlocutrice. Oui, je dis bien les lèvres, car je suis tout bonnement incapable de regarder quelqu’un dans les yeux. C’est avec un infime brin de malice dans la voix que je lui rétorque :

« Comme si c’était hier. C’était au Starbuck qui fait l’angle de l’Avenue Beojnamu et de la rue Pyeonghwa. J’ai débarqué comme une furie et t’ai dit de façon méprisante : « Mon petit, servez-moi un café noir 100 % arabica. Serré et sans sucre, je vous prie. ». Là-dessus, tu m’as répondu que tu ne travaillais pas ici et … de fil en aiguille, on a fait connaissance. ». Et encore, c’est la version soft et condensée. Je ne vous cache que quelques noms d’oiseau tel que « connard » et « pétasse », ont éclatés au début. C’est justement ça qui m’a plu chez elle. Son côté très cash et franche. Une femme de caractère. La perle rare que je recherchais désespérément depuis de longs mois. Je lape une gorgée de café et m’interroge. J’hésite. Est-ce que c’est le bon moment ? J’ai le pressentiment que c’est encore très tôt. Toutefois, je sais bien que le temps se joue de nous et que je n’ai pas le choix. Après une profonde inspiration, je reporte mon attention sur la jeune femme assise les jambes croisées, et ajoute : « A quinze heures, on est censé promouvoir la nouvelle ligne de maroquinerie Hermès. Pour ce contrat, tu seras seule. Je resterais sur le côté et observerais. ». Franchement, ce n’est pas du tout de gaîté de cœur que je ferai ça. Toutefois, il va bien falloir que je m’arrête un jour.

Autant commencer à lâcher du lest dès à présent et petit à petit. J’ignore si j’en serais capable. Le mannequinat est devenu comme une sorte de drogue. Je suis littéralement accro. Pire encore que lors de ma période cocaïne. Le sevrage risque de ne pas être simple. Mais bon c’est bien connu, toutes les bonnes choses ont une fin. Dire que j’eus mon tout premier contrat, dans la publicité Bébé Cadum, alors que je ne savais ni marcher ni parler … . Pas de doute, tout cela ne me rajeunit pas ! Sojung me dévisage avec de grands yeux étonnés. Abasourdie et consternée, elle se met à bafouiller telle une cancre interrogée par la maîtresse. Elle me demande si je suis sûr. S’il n’est pas trop tôt. Elle craint de ne pas y arriver. De ne pas être à la hauteur. Ce n’est pas vrai … elle recommence. STOP ! Je profite qu’elle ait besoin de reprendre sa respiration entre deux flots de paroles, pour justement la lui couper : « Je dois savoir où tu en es, et ce que tu as appris jusqu’à présent. Il faut que je vois ce que tu peux et ne peux pas encore faire toute seule, tant que je suis encore là pour limiter les dégâts et rattraper les trucs où tu te plantes. Ce n’est pas un vote de confiance, c’est une nécessité. Il faut te lancer Seon ! ». Whaaa, je me surprends moi-même. Cela remonte à quand la dernière fois que j’ai été aussi … bienveillant envers quelqu’un ? Même si ce n’est pas vraiment l’adjectif approprié. Je crois bien que c’est la première fois que je fais autant passer quelqu’un d’autre avant moi. Se pourrait-il que je sois comme le bon vin et que je me bonifie avec le temps ? Non, impossible !      

               

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Dernière édition par Ong Ki O le Mer 28 Mar - 20:47, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Strike the Pose - (ft. Seon Sojung)   Strike the Pose - (ft. Seon Sojung) EmptyMar 27 Mar - 20:53

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  Ong Ki O & Seon Sojung  


 Ong Ki O & Seon Sojung

 
« Je dois savoir où tu en es, et ce que tu as appris jusqu'à présent. Il faut que je vois ce que tu peux et ne peux pas encore faire toute seule, tant que je suis encore là pour limiter les dégâts et rattraper les trucs où tu te plantes. Ce n'est pas un vote de confiance, c'est une nécessité. Il faut te lancer Seon ! » Ouch. Ça fait du mal à ma fierté tout ça, mais il faut que je l'admette. Après tout, je suis loin d'être une pro. Très loin même. J'acquiesce tout de même silencieusement, n'osant plus parler. Pourquoi est-ce que tu te fais toute timide Sojung ? Ne me dit pas qu'il ta vexé ! La ferme conscience. 

Nous voici maintenant devant le bâtiment de maroquinerie. Alors que je regarde ma montre, je peux clairement y voir 14H55. Pour une fois que je suis en avance, ça change de mes habitudes tiens. Je tourne lentement ma tête vers Ki O qui lui reste immobile, me fixant les lèvres. Lorsque je l'ai connu, j'ai pensé que c'était un psychopathe qui ne pensait qu'à vouloir m'embrasser. Jusqu'à ce que j'ai appris – grâce à mes sources – qu'il n'arrive tout simplement pas à regarder quelqu'un dans les yeux. Un gros soulagement, oui. Je fixe alors le trentenaire, qui ne se décide pas à bouger. Qu'est-ce qu'il fou ? Pourquoi il bouge pas lui ? Alors que je reste plantée là à le regarder, il me fait un léger signe de tête. Attends, c'est moi qui doit y aller ? Je lâche un long soupire, avant d'entrer dans le grand bâtiment. Bah bravo, maintenant c'est moi qui doit tout faire.. Je sais qu'il m'évalue, mais quand même, de là à changer nos habitudes.. Soit, il fait ce qu'il veut après tout. Tandis que je regarde la table de marbre non loin de là, je remarque les quelques objets et vêtements présentés avec lesquels nous devons poser. Des vêtements classes mais sobres, avec laquelle je devrais porter une ceinture, qui d'ailleurs se démarque très bien du reste de la tenue. Une montre est également disposée sur le côté, je suppose qu'elle va avec le reste.


Dans le studio photo, tout le monde court de partout. Ça ne me surprend plus vraiment, étant maintenant une grande habituée. Tandis que je suis debout, dans mon tailleur noir avec ma ceinture et ma montre, je cherche autour de moi Ki O. Je le trouve rapidement, en train de me fixer lui aussi. « Seon. Seon ! » Oups, perdue dans mes pensées je n'avais pas remarqué que le photographe me donnait des explications. « Pardon ? Tu disais ? » Le photo graphe me fixe avec de grands yeux, étonné. Ah oui, c'est vrai que je tutoies tout les photographes que je croise, étant donné que je les connais pratiquement tous. « Oh, hum, pardon, je voulais dire "vous". » « Aucun soucis, Seon. Vous pourriez vous mettre en place s'il vous plaît ? On va commencer dans pas longtemps. » Sans un mot de plus, je vais me placer à l'endroit indiqué, marqué par des bouts de scotch. 


Alors que le photographe ne se stoppe pas de prendre des clichés, je regarde un peu autour de moi et fixe Ki O. « Oh mon dieu, Seon ne bouge plus, c'est l'expression qu'il me faut ! » Hum. Pourquoi à chaque fois que je le fixe, les photographes sont contents de mon expression ? Sérieusement, j'ai l'impression que le fait qu'il soit mon mentor me donne de la confiance, de l'assurance. Quelques clichés et une petite heure plus tard, la séance photo se termine, pour mon plus grand bonheur.


Une fois revêtue dans mes vêtements quotidiens, je me dirige rapidement vers Ki O, qui lui m'avait patiemment attendu devant le siège coréen de Hermès. « Alors, j'étais comment ? » Soyons rapide, franc est direct, tel est ma devise.
 
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MessageSujet: Re: Strike the Pose - (ft. Seon Sojung)   Strike the Pose - (ft. Seon Sojung) EmptyMer 28 Mar - 21:00



"Strike the pose"


THE ROAD TO HELL IS PAVED WITH GOOD INTENTIONS


N’empêche quand j’y repense, ça relève du miracle que mon caractère de chiotte ne m’ait jamais desservi en plus trente ans. Pourtant, Dieu sait que ce ne sont les occasions qui ont manquées. Loin de là ! A quoi cela est-il dû ? Oh eh bien, je pense que pour cela, on peut en grande partie remercier mon auguste mère. Elle, ainsi que l’éducation qu’elle m’a dispensé. L’humilité et la frustration sont deux choses qu’elle n’a jamais jugé utile de m’apprendre. Vous comprenez sans doute mieux maintenant, pourquoi je prends les gens de haut et estime qu’ils sont par définition à ma botte. Plus d’une fois, il m’est arrivé de traiter des personnes haut placées, comme de vulgaires laqués et larbins. M’ont-ils tenus tête ? M’ont-ils envoyé balader ? Non, jamais. Même si la sidération et l’abasourdissement habillaient le visage de certains d’entre eux, tous ont finalement plié et effectué ce que j’exigeais d’eux. Est-ce que mon air patibulaire et menaçant y était pour quelque chose ? Il y a des chances. Est-ce que le fait que ma famille soit à la tête la seconde industrie la plus puissante du pays, et détienne une fortune ahurissante, justifie le fait que l’on me cède tout ? Très certainement. Ce que je veux, je l’obtiens. Rien ni personne ne me résiste. Personne ? Pas si sûr. Il arrive parfois que je tombe sur des fortes têtes. Au quel cas, je dois les travailler au corps, jusqu’à ce que je sois pleinement satisfait.

Cependant avec Sojung, ce fut différent. Les circonstances ayant favorisé notre rencontre, ne furent pas des meilleures. Disons le franchement, nous sommes partis sur un très mauvais pied. Cependant, nous avons tout les deux eu inintelligence d’esprit de mettre à un moment donné de l’eau dans notre vin, et un mouchoir sur notre orgueil. Sans cela, ça aurait probablement tourné à la foire d’empoigne et au règlement de compte à ok corral. Oui, ce jour là le Starbuck du coin aurait pu devenir le théâtre d’un clash cinglant. Non cinglant, pas sanglant. Genre, il y aurait eu du sang et des organes quoi ! Finalement, elle est descendue de ses petits poneys et moi de mes grands chevaux, puis nous avons fait connaissance. C’était soit ça, soit elle me donnait un coup dans les parties, soit je lui arrachais une à une ses extensions. Bon par contre, je l’attends toujours mon café noir 100 % arabica, serré et sans sucre ! Son extrême franchise et son aplomb, sont deux choses qui m’ont immédiatement séduit chez elle. Quand elle m’a dit qu’elle entamait tout juste une carrière de mannequin, j’ai immédiatement su que c’était elle qu’il me fallait former afin de me succéder. Voilà, vous connaissez désormais toute l’histoire. Je crois que dans un sens … quand je la regarde, je me retrouve un peu en elle, lorsque j’avais le même âge. Apparemment, elle semble quelque peu surprise que je me souvienne avec autant de précision de notre rencontre.

Vous aussi ? Pourtant, il n’y a vraiment pas de quoi. Je suis hypermnésique. L’exact contraire de l’amnésique. Traduction : j’ai une mémoire quasiment infaillible. Tout. Je me rappelle de tout ce que j’ai vécu. Une chance ? Pas vraiment. Il y a des choses que … que j’aimerais tant pouvoir oublier. Des choses qui continuent de me hanter et de m’assaillir. Des choses avec des détails d’une précision à vous glacer le sang. Des choses qui se sont passées il y a vingt ans … . Je broie d’une main de fer le gobelet en carton à présent vide, afin de cesser de gamberger. Reportant mon attention sur la jeune Sojung, je déclare d’une voix très légèrement fébrile et chancelante, à laquelle mon élève n’est sans doute pas habituée : « On va faire quelques blancs, histoire de rester dans le coup et de ne pas trop se refroidir. ». Vous ne comprenez rien, et c’est bien normal. Dans le jargon, des blancs sont une série d’expressions que l’on esquisse, hors du champ des caméras et des appareils photos. C’est un peu comme lorsqu’un boxeur réalise des enchaînements de coups dans le vide pour s’entraîner. Mon intransigeante mère m’imposait cet exercice à raison de cinq fois par jour, lorsque je fus en âge de comprendre. A l’époque, je trouvais ça chiant comme la pluie et très fastidieux. Toutefois, si je détiens aujourd’hui un éventail d’expressions et d’émotions si vaste, ces multiples salves de blancs n’y sont pas étrangères.

Évidemment, lorsque je pose ou défile, elles sont tout sauf authentiques et sincères. Néanmoins, ces centaines d’heures de pratique les ont rendus tellement réalistes, que le public est convaincu en me voyant que je suis vraiment triste, heureux, mélancolique ou encore nonchalant. En quoi cela consiste ? C’est d’une simplicité enfantine. Je dis un adjectif, et Sojung doit le mimer à l’aide son visage. Et vu qu’une démonstration vaut mieux qu’un long discours, j’égrène sur un ton de sergent instructeur un chapelet de qualificatifs : « Aller, on y va ! Boudeuse. Facile, tu ne connais que ça. Mutine. Ouais, pas mal. Paresseuse. Hum. Espiègle. Fâchée. FÂCHEE, j’ai dit ! Pas chien battu. Voilà. Candide. Séductrice. Euh … c’est vraiment ton maximum ? On l’a refait. Sé-duc-trice ! Eh bah voilà, c’était pas si compliqué ! Tu vois quand tu veux … ! Aller, une dernière. Amère. Encore. C’est mieux. ». Le photographe, ayant sans doute profité de ce petit quart d’heure de battement pour se faire un rail, tape dans ses mains et hurle à tue-tête que la pause est finie. Après un passage par la case changement de tenue, nous reprenons donc. La suite et fin du shooting se déroule admirablement bien. Visiblement, ces quelques blancs ont été bénéfiques, puisque Sojung est immédiatement dans le truc et que le photographe ne tarit pas d’éloges. Après avoir déjeuné sur le pouce d’un repas hypocalorique, mon chauffeur nous conduit au QG de la filiale coréenne de la maison Hermès.

Ca y est, l’heure de vérité est enfin arrivée. L’oisillon va voler de ses propres ailes. Rahlala, je flippe. Mais à point, vous n’avez même pas idée ! Si elle merde, c’est ma responsabilité qui est en jeu. Ce sera ma tête qu’on mettra sur le billot. Et ce sera encore moi que les commendataires fustigeront et descendront en flammes. Si cela arrive, je peux prendre ma retraite anticipée et faire une croix sur un quatrième trophée consécutif aux Adonis de la Beauté ! Ah, non, non, non ! Plutôt crever bouche ouverte, que d’être la risée de toute la profession. Euh … c’est moi ou on fait du surplace là ? C’est pas vrai … ! Pourquoi faut-il que toutes les personnes qui bossent pour moi, soient des incompétents pathologiques ? Non mais sérieux, il l’a eu dans une pochette surprise son permis ce chauffeur, ou quoi ?! Entre rouler comme une petite vieille, et fendre la bise tel Kimi Räikkönen, il doit quand même bien y avoir un juste milieu ! Mon téléphone. C’est bien le moment, tiens. Oh super … mon agent. On parie combien que c’est la panique à bord chez Hermès ? Je décroche et tente autant que faire se peut de rester calme. Ce qui n’est franchement pas un mince affaire. « Allô ? Oui, oui je sais, on devrait déjà être là. Mais que veux-tu, j’ai un chauffeur de m… qui est formidable. Quand ? Non, il faut faire ça en Mai, après cela sera trop. Attend, ‘ttend, ‘ttend No Ji, quitte pas je te reprends tout de suite. MAIS DOUBLEZ-MOI CE CONNARD, BORDEL !!! »

Raté, j’ai perdu mon calme. Ok ça ne sert pas à grand-chose, mais putain ce que ça fait du bien ! Ah, on dirait bien que j’ai parlé un peu vite. Contre toute attente, et craignant sans doute de se faire virer manu militari, le chauffeur quitte le train de sénateur auquel il roule et se décide enfin à doubler l’autre espèce d’escargot asthmatique juste devant nous. Devant le bâtiment, Sojung me regarde telle une naufragée cherchant à se raccrocher à une bouée. J’arque les sourcils, l’air de dire « Eh bah qu’est-ce que tu attends ? » et donne un coup de menton en direction de l’édifice, l’invitant ainsi à entrer. Mon poulain s’exécute sans trop broncher. Bah oui mon petit, tu as déjà oublié ce que je t’ai dit ? « Tu seras seule. ». Non, en fait c’est pas vrai. Je ne serais pas bien loin, évidemment. Je patiente quelques minutes afin de m’assurer qu’elle est à bonne distance, puis entre à mon tour dans le building tout de verre et d’acier. Arrivé au second sous-sol, le lieu du shooting, Sojung est déjà en place nippée dans des vêtements somme toute quelconques. En revanche, la ceinture, le sac et les chaussures accessoirisant la tenue, semblent d’excellente facture. En même temps, pour une marque de luxe spécialisée dans la maroquinerie, c’est préférable. Je viens me poster à côté de mon agent, en retrait du set photo. Lorsque mon élève ouvre la bouche, je viens frapper de manière désabusée mon front à l’aide de la paume de ma main.

Je n’y crois pas … . « Tu ». Vous avez élevé les cochons ensemble peut-être ? C’est bien ce que je pensais. Quand tu auras la renommée d’une Claudia, d’une Cindy, d’une Linda ou d’une Naomi, tu pourras te permettre de tutoyer « les petites mains » et de faire preuve de familiarité envers elles. D’ici là, tu t’en tiens au vouvoiement. Sur ce, la séance photo commence. Et ça commence mal. Très mal. Comme je m’y attendais, elle nous la joue gueule d’enterrement et regard hagard façon Morticia Addams. Le photographe commence d’ailleurs à s’énerver et à perdre patience. Inquiet, mon agent me murmure à l’oreille : « Tu devrais peut-être intervenir, non ? ». Hors de question ! J’ai travaillé trop dur avec elle pour tout saborder, et faire machine arrière en allant poser à ses côtés. Que je me sois tromper sur le compte de mon assistante et de mon chauffeur qui se révèlent être des demeurés, ça, passe encore. En revanche, je refuse d’admettre de m’être planté au sujet de Sojung. Si tel est le cas, alors cela voudrait dire que mon vieil instinct m’a définitivement quitté. Aller gamine, ne devient pas ma plus grande déception. Les yeux rivés sur ma recrue, je frotte ma barbe tout en répondant à No Ji à voix basse : « Elle va y arriver. Elle est juste un peu longue à l’allumage. Comme un vieux moteur diesel. ».

Du moins je l’espère, parce que sinon, je n’ai pas vraiment d’autres solutions. Non, non, non là ça ne va pas. Ca ne va pas du tout. Bon bah, c’est officiel : je vais devenir l’objet de la risée générale. Dans tout le pays, il ne va bientôt plus être question que de mon infortune. Les gens s’amuseront à mes dépends dans les salons, dans les soirées. Cela fera écho jusqu’à Pékin, sur la Place Tian'anmen. La foule compacte des promeneurs va être secouée par un énorme éclat de rire ! Attend une minute … ça y est, elle a enfin le déclic. Hallelujah ! Jouez haut-bois, raisonnez musettes ! Un petit soupir de soulagement m’échappe. Toutefois, ce soulagement est de courte durée, lorsque je réalise que c’est en me regardant qu’elle est parvenue à s’incarner. Tsss, je savais bien que mon côté très paternel me perdrait un jour … ahem ! A force d’être toujours derrière elle et de la couver, elle est désormais perdue lorsque je ne suis pas à ses côtés. Il va vite falloir remédier à cela, avant qu’elle ne devienne une véritable assistée. Peut-être que c’est également en parti ma faute ? Peut-être que j’ai mis la barre trop haut, trop vite ? Peut-être qu’elle ne se sent pas encore dans son élément avec ces marques de luxe ? Je dois en avoir le cœur net. A l’avenir, j’accepterais de contrats de plus faible envergure, pour voir comment elle s’en sort. No Ji me tape sur l’épaule et me dit : « Elle n’est pas prête. ».

Naaaaan sans dec’ … ! Je te remercie, mais je m’en étais un petit peu aperçu. La suite se passe comme sur des roulettes. Sojung enchaîne les poses avec des items divers et variés de la marque. Le contrat se termine une bonne heure et demie plus tard. Je quitte le building tandis que mon élève se change. Dehors, je check mon portable. Ah, un message de Kyo Ji. « Désolé. Ne pourrais pas être là le 20. Tu me manques. Xoxo. ». Mais quel tocard ! Franchement, je me demande ce que j’ai bien pu lui trouver jadis. Rah je m’en veux, ses larges épaules m’ont fait craquer. Malheureusement, j’ai réalisé bien trop tard qu’il n’y avait pas grand-chose dessus ! Alors que j’étais à ça de fulminer et d’imploser, la douce voix de Sojung m’en empêche. Je lève le nez de mon téléphone, puis range ce dernier dans ma poche. Sans détour ni langue de bois, je rétorque à celle qui sera, je l’espère, la Gigi Hadid de demain : « A géométrie variable. Mauvaise, pour ne pas dire pitoyable, au début. Nettement mieux au milieu. Irréprochable sur la fin. Comme toujours, c’est tout ou rien avec toi Sojung. ». Ce qui me vaut bien souvent de belles sueurs froides. Si seulement ça pouvait être « tout » de A à Z … . J’ignore comment il est possible, qu’aucun cheveu blanc n’ait fleuri sur ma tête, depuis le temps que je la connais. Parfois, je me dis que cette petite aura ma peau par l’extinction des nerfs. Toujours est-il que l’on a évité le fiasco, c’est déjà ça. Avec tout cela, me voilà sans … . Attend une petite minute. Hum, elle pourrait peut-être faire l’affaire. Bon dans un monde parfait, j’aurais jeté mon dévolu sur Bradley Cooper, mais bon dans la vie on n’a pas toujours ce que l’on veut, hélas. Laissez-moi quelques secondes, histoire que je m’imagine la scène. Hum … mouais ça pourrait avoir de la gueule. Avec un bon make-up et une robe de créateur, ça devrait passer crème. Arborant une petite moue perplexe et dubitative, je demande à la jeune femme native de Daegu sur un ton placide : « Qu’est-ce que tu fais le vingt Avril au soir ? ». Si elle aussi elle est prise ce jour-là, alors je ne réponds plus de rien ! Pardon ? Demander à l’une de mes demies-sœurs ? Jamais ! A tout choisir, je crois que je préférerais encore dormir dans un lit plein de rats, plutôt que de demander une faveur à l’une de ces garces. J’ai ma fierté moi Messieurs Dames, et il n’est pas né celui qui m’en dépossédera !


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MessageSujet: Re: Strike the Pose - (ft. Seon Sojung)   Strike the Pose - (ft. Seon Sojung) EmptyJeu 29 Mar - 9:31

Strike the Pose

  Ong Ki O & Seon Sojung  


 Ong Ki O & Seon Sojung

 
Bon.. A vrai dire, je ne sais pas si je dois être contente de moi ou non. En tout cas une chose est sûre, je ne suis pas prête. Je suis même loin, d'être prête. Je retourne rapidement dans ma loge, non sans lâcher un long soupire. Ah, je suis déjà épuisée que le troisième et dernier contrat n'a toujours pas commencé.. Super. Je me débarrasse rapidement de tous ces vêtements me portant trop chaud, pour simplement me retrouver en sous-vêtements. C'est quand même mieux comme ça ! Enfin, ouais non, rhabille toi Sojung. Si l'on m'avait dit un jour que le métier de mannequin serait si compliqué que ça, je lui aurait ris au nez avant de prendre mes jambes à mon cou le plus vite possible. Je me souviens encore de la toute première rencontre avec mon agent..


J'étais en stage pour mes études de stylisme. Enfin, si l'on pouvait appeler ça un stage.. Tout ce que je faisais, c'était de courir d'un bout à l'autre pour apporter tout ce dont le mannequin avait besoin. « Oh, je voudrais bien une friandise s'il te plaît. », « Non, pas ça, quelque chose d'équilibré, enfin ! Ah, et rapporte moi un thé earl grey, s'il te plaît. », « Pas un qui vient de la machine ! Un thé fait maison, voyons ! Es-tu folle ? » ou encore « J'ai chaud, tu peux me rafraîchir s'il te plaît ? Non, je veux pas un éventail, ça va me fatiguer les bras. Fais-le moi. ».. En bref, c'était une mannequin qui m'utilisait comme esclave. Même pas un vouvoiement, rien. Mais, je me devais de rester classe. Alors, même si j'étais l'esclave de quelqu'un, je gardais un peu de sang-froid, dans l'histoire que l'on me remarque. Et ce fut le cas. L'agent du mannequin pour qui je servais de serviteur s'approche de moi, alors que je suis en pleine course. « Excusez-moi, vous êtes bien mademoiselle Seon ? ». Cette phrase, qui restera à jamais gravée dans ma mémoire. « Oui, c'est bien moi. Qui a-t-il ? » Elle m'a demandé si je voulais bien venir dans son agence, car elle pense que je suis le nouveau mannequin de demain. Celle qui peut réussir à coup sûr.


Et, me voilà entre les mains de Ki O. J'ai toujours été impressionnée par la façon dont il se souvient aussi bien des choses. Mais, je ne le jalouse pas. Même sans être hyper..mnésique ? Eh bien, je me souviens de chose dont je n'ai pas envie de me souvenir. Mais c'est comme ça, on ne peut pas y faire grand chose après tout.


De nouveau vêtue dans mes vêtements du quotidien, je sors de ma loge, avant de croiser le trentenaire qui lui fixe son téléphone. Lorsqu'il me remarque enfin, il semble hésiter à me poser une question. Je fronce les sourcils, et lui indique d'un petit mouvement de ma tête qu'il peut la poser. « Qu'est-ce que tu fais le vingt Avril au soir ? ». Ah ça, pour être direct il est direct. « Euh, attends, je vais voir. » Tout en sortant rapidement mon téléphone de ma poche, je regarde sur mon agenda si je n'ai rien de prévu. J'en profite également pour appeler Hiro, on ne sait jamais s'il voudrait m'inviter.. Qui sait. Une fois qu'il a décroché, je lui demande directement : « Hiro ? On a rien de prévu le vingt au soir ? ... Ok, non c'était une question comme ça. ... Oui, parfait ... Moi aussi je t'aime, bisous. » Bon, bah c'est parfait tout ça. « Non, je n'ai rien de prévu. Pourquoi donc ? » 
 
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