Insérer un titre pour avoir l'air plus cool.

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Les souvenirs, un fardeau beaucoup trop lourd à porter.

Janvier, la neige, les températures négatives, les arbres nus à l'inverse des riverains. L'hiver dans toute sa splendeur, les chocolats chauds, les flammes des cheminées sollicitées. Janvier le mois le moins apprécié, celui où elle est née. La bienvenue, elle ne l'a jamais été. Pourtant, elle a bien dû arriver.

Elle est née dans ce genre de familles où c'est la pagaille. C'est pour ça que, toute sa vie, elle a espéré se réveiller, et se rendre compte qu'en réalité, elle était née dans la chambre d'à côté. Sauf que son problème est là, elle a passé beaucoup trop de temps à rêver, et que, dans la pratique, la vie est beaucoup plus compliquée. Mei, elle est née dans ce genre de famille qui n'a jamais rayonné. Ce genre que l'on veut éviter. Ce genre où le père picole toujours un peu trop. Ce genre d'enflure, de déchet de la société. Cet homme bien trop frustré. Toute sa vie, Mei l'a observé devenir amer. De jour en jour, il flétrissait comme les pétales des rosiers, dehors. Sa noirceur prenait plus d'ampleur. Toute sa vie, Mei a entendu sa mère pleurer. Son enfance a été parsemée de tâches rougeâtres, au goût métalliques. Son enfance a été marquée par l'horreur, le bleu et le violet. Papa frappait maman, parce qu'il était frustré. Il faut dire ce qui est, sa vie il l'a ratée. Il a épousé cette femme un peu trop collante, pas assez séduisante. Cette femme bonne à rien, si ce n'est dépenser l'argent qu'il n'y a pas. Pourtant cette bonne femme, il l'a aimée. De tout son être. Autrefois, il la chérissait. Il a bien dû se passer quelque chose, que Mei ne saura jamais. Mais tout ce qu'elle voit, elle, c'est que le temps fait des ravages. Qu'il a piétiné l'amour. Que les hommes sont vilains, qu'ils sont pourris jusqu'à la moelle. Le temps, voilà ce qu'il y a eu. Maman a vieilli. Papa a vu de jeunes hommes plus beaux, entrer dans la société. Il a côtoyé des gens plus jeunes, ayant mieux réussi que lui tout au long de sa vie. Alors la frustration s'est accumulée. Et il n'a jamais su se retenir. Mei a baigné dans les coups, le sang. Pourtant, elle ne doute toujours pas que papa l'ait aimée. Il n'était juste peut-être pas prêt.

Rien ne s'est jamais arrêté. Pourtant, elle se souvient de maman qui lui chuchotait chaque fois que ce serait bientôt terminé. Qu'elles partiraient. Mais jamais elle n'a quitté Séoul. Chaque soir, papa se défoulait. Et à la maison, tout le monde y passait. Mei n'a jamais su s'il y éprouvait plaisir. Si créer cette peur était son ultime but. Il avait toujours agit de sorte à ce que le contact soit limité à celui-ci. D'ailleurs, il s'était aussi toujours arrangé pour que rien ne soit trop grave. Que l'hôpital ne soit pas une nécessité. Parce que, de quoi aurait-il eu l'air, si cela s'était su ? Auprès de ses collègues, il avait le rôle de père exemplaire. De mari modèle. Mais le soir, dès que la cravate se dé-serrait un peu, le masque tombait. Pendant des années, Mei a eu peur de lui. Il l'effrayait. Mais il a forgé sans le savoir, cette femme forte. Cette femme qu'elle est, libérée et engagée. Celle qui continuera à se battre pour les femmes, et qui s'est longuement battue avec les hommes. Il a fait d'elle cette femme indépendante, presque assurée. Mais le chemin a été difficile, et est encore long et périlleux. Parce que le passé est présent, parce qu'il est futur. Parce que la vie n'est qu'un cycle qui se répète, et que cela l'effraie. Parce que sa vie a toujours été lisible sur son corps, que personne ne s'en est jamais souciée. Parce que personne ne l'a jamais aidée. Que l'enfance est terrible, que l'adolescence est morbide.
Mei a toujours espéré. Maman mentait si bien. Sa voix douce au creux de son oreille sonnait si vraie. En réalité, c'est à elle qu'elle en veut. Elle n'a pas su être assez forte. Elle n'a su qu'être la petite femme parfaite, dont le mari serait lassé. Maman lui a apprit à rêver. Elle a forgé ce petit bout d'être, qui l'a grandement aidée. Si Mei n'avait pas eu ce coin de sa tête, juste pour s'évader, elle n'aurait probablement jamais tenu. Parce que maman fermait les yeux. Alors, Mei n'a jamais eu de vrais parents. Personne à qui se confier, personne contre qui se serrer au moindre chagrin. Personne pour la border le soir, où pour l'aimer. Elle a grandi enfermée entre quatre murs, effrayées. Avec l'espoir de chaque jour, s'en aller. Et aujourd'hui, elle n'a toujours pas réussi.

Mei n'a pas fait de longues études. Un ou deux ans de médecine, parce que papa le voulait. Mais l'argent manquait, alors rien n'a aboutit. Et puis, ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle, elle rêvait de chanter. Elle rêvait de bouquets de fleurs, de projecteurs. De belles robes et de micros, de sa photo plaquée en grand dans les salles de concerts, dans les métros. Elle rêvait de ce succès à l'ancienne. C'était ça, qui la faisait vibrer. Mais papa l'étouffait. Sous son toit, jamais elle ne ferait succès. Jamais ses rêves ne se réaliseraient. Alors un jour, l'occasion s'est présentée. Mei a prit ses valises, et s'en est allée, sans même se retourner. Une petite victoire, pour peut-être un jour trouver la paix.