You're not alone for the new year

Eun-Woo & Wei Zhou

L'année à l'Université s'achevait. C'est la dernière journée avant la nouvelle année. Tous les gens étaient fébriles, tous sauf un qu'il connait. Eun-Woo sait pertinemment que son père n'est guère heureux, surtout qu'aujourd'hui il ne reste que lui et son fils aîné puisque sa femme et son autre fils sont décédés dans un intervalle de six mois. Le jeune homme était en Chine lorsque son décès lui a été parvenu. C'est l'une des raisons pourquoi il avait quitté Seoul, lorsque son frère est décédé, afin d'aller vivre un moment en Chine, de parcourir ces étendus et faire du tourisme. Le jeune homme en avait d'ailleurs profité pour contacter la soeur de sa mère. Il savait qu'elle était anéantie par cette nouvelle et il avait fait en sorte de lui remonter le moral afin qu'elle ne sombre pas dans les vices sombres tels l'alcool ou même d'essayer de se suicider puisqu'elle avait perdue le dernier membre de sa famille.

Il a fallu un mois entier à Eun-Woo pour que la femme puisse se sentir mieux et qu'il puisse quitter librement la maison sans trop s'inquiéter de la voir pendue dans sa chambre. Il a donc commencé à parcourir la Chine un endroit après l'autre. Il a goûté à la nourriture chinoise qui était tout de même bien différente de celle coréenne. Les coutumes ne sont guère les mêmes également. Le jeune homme avait été ravi de pouvoir en apprendre plus sur ce peuple qui leur ressemble, mais qui est pourtant très différent. Il avait changé grâce à ce voyage. Il s'était assagi. Eun-Woo s'occupait d'une femme le jour, et il sortait plus en soirée. Il avait d'ailleurs été engagé comme professeur de danse à l'Université de Chine. Il avait toutefois spécifié qu'il devait partir à la fin de l'année. Cette condition a semblée bien plaire au directeur, puisqu'il recherchait justement un professeur de danse par intérim et non pas de façon permanente. Quelle coïncidence forte plaisante! Il avait donc enseigné toute l'année 2016 et jusqu'à la fin de la cession 2017. Lorsque l'été se termina en Chine en 2017, Eun-Woo décida de rentrer chez lui. La soeur de sa mère l'avait pris dans ses bras en versant quelques larmes, le remerciant fortement pour tout ce qu'il avait fait pour elle, qu'il pouvait revenir la voir quand il le désirait et qu'il pouvait également lui écrire. Il prit l'avion le soir même.

Aujourd'hui, il était seul au comptoir d'un bar, un verre de wiskhy à la main. Le regard plongé dans le vide. Il aimait beaucoup son père, mais celui-ci préférait être seul. N'ayant personne dans sa vie, le pauvre jeune homme vivait donc la célébration de la nouvelle année dans l'enceinte d'un bar de Seoul. Il sirotait son brevage en fermant à demi les yeux. La musique était de tonalité suffisante, mais pas trop pour casser les oreilles et étouffer les voix. Soudain, comme si la Providence avait elle-même décidé qu'il tourne la tête sur sa gauche, il remarqua un jeune homme sur l'un des tabourets. Ses traits le frappent immédiatement. Il le reconnaît. Il en est certain. Il se glisse de son coussin afin de tomber sur ses pieds et de s'approcher de lui. Eun-Woo déposa une main douce et chaleureuse sur l'épaule du jeune homme. ''- Wei Zhou!? Eh bien ça alors! Comme je suis content de te revoir! " Lorsqu'il se leva de son siège, le professeur n'hésita pas pour lui faire une accolade chaleureuse. "- Tu es à Seoul depuis longtemps?"

You're not alone for the new year

ft. Eun-Woo

Après une bonne heure dans les transports en commun, Xu WeiZhou descendit à une station de métro au hasard où il constata qu’une grande partie des passagers débarquait. Après tout, comment mieux faire des connaissances qu’en allant là où tout le monde se rejoignait ? Depuis son arrivée en Corée du Sud, WeiZhou avait rencontré quelques personnes, mais aucune suffisamment proche pour fêter le jour de l’an. Beaucoup retournaient dans leur famille pour les fêtes, tandis que lui ne contemplait cette possibilité que de loin. En début de soirée, il avait appelé son père pour lui souhaiter la bonne année avec un peu d’avance et par la même occasion, prendre quelques nouvelles. Tout semblait bien aller dans sa famille, mis à part le fait qu’il n’était pas là pour fêter le jour de l’an pour la première fois. Son père se faisait d’ailleurs un plaisir de le faire culpabiliser pour le taquiner, et en retour, WeiZhou ne faisait que lui dire de se trouver une femme s’il se sentait si seul, avant de rire de bon cœur. Il avait raccroché avec un sentiment mitigé. C’était étrange que d’être absent, loin de ses proches en ce moment de l’année. Il poursuivait ses envies, ses désirs d’avancer qui l’éloignaient un peu plus de tout ce qu’il avait connu jusque-là. La voie qu’il avait choisi d’emprunter après son enrôlement à l’armée était tellement loin de ce dans quoi il s’était lancé en premier lieu ! Nombreux l’avaient questionné, mais nombreux l’avaient aussi laissé agir sans insister. Après son accident, il semblait normal pour un jeune de son âge, quatre auparavant, à ses 19ans, que de vouloir profiter de la vie et s’épanouir. Le faire à travers l’art, l’expression, l’émotion sous diverses formes, avait été son choix.

Lorsqu’il sortit de la bouche de métro, sac à dos sur l’épaule, vétu d’un jean noir, un t-shirt blanc sur lequel était posée une veste en tissu doux mais épais, rouge, WeiZhou déambula un peu dans les rues avant d’arrêter son choix sur un bar typique coréen. Dans ce bar, il pouvait boire et surtout : manger du poulet cuit/frit de mille façons différentes. La clientèle semblait très éclectique mais aussi très énergique, enjouée à l’idée de fêter le nouvel an. La musique ne lui cassait pas les oreilles mais elle mettait tout de même de l’ambiance… C’est ainsi qu’il entra et alla s’asseoir à une petite table, seul, pour commander de quoi se remplir la panse. Il posa son sac à côté de son tabouret et commanda -en coréen très approximatif- de quoi manger pour trois personnes, et une pinte de bière. Lorsque tous les plats lui arrivèrent, WeiZhou se lécha les lèvres avec envie et commença à piocher dans l’un d’eux. Pop corn de poulet épicé… Un délice ! Il en prit trois puis but trois gorgées de sa bière avant de lever les yeux pour observer deux hommes un peu plus loin qui semblaient prêts à se battre en duel. L’action lui arracha un petit rire alors qu’un des deux venait de donner une claque à l’autre. C’était assez inattendu, le chinois aurait plutôt imaginé jaillir un coup de poing ! Ce fut encore plus inattendu lorsque la personne recommença au moins trois fois avant de se faire pousser par son adversaire. WeiZhou partit dans un rire franc avant de les voir quitter le bar, priés de sortir par le gérant. Il termina sa première bière, puis en commanda une autre…

[…]

Une bonne petite heure plus tard, WeiZhou en était à sa quatrième bière déjà. Il était joyeux, il avait déjà parlé à plusieurs personnes à droite à gauche, en allant aux toilettes ou simplement en échangeant quelques anecdotes avec les tables voisines alors qu’il mangeait. Il n’avait pas fini de manger et ne finirait probablement jamais. Heureusement qu’il pratiquait énormément de sports, il serait autrement probablement déjà en surpoids depuis longtemps ! Une jeune femme était venue lui parler peu de temps après qu’il ait entamé sa quatrième bière, elle s’était invitée en face de lui en le voyant seul et avait tenté de communiquer alors qu’il ne comprenait qu’à moitié ce qu’elle lui racontait. Il n’avait pas la même nationalité, mais il était considéré comme très agréable à regarder, en tout cas dans son pays natal, et il fallait dire qu’il se maintenait particulièrement en forme. Elle avait déjà beaucoup bu elle aussi, et le chinois avait déjà un peu de mal à comprendre un coréen sobre… Cela dit, l’alcool faisait des miracles, et il réussissait à mixer l’art de la gestuelle à ses phrases grammaticalement incorrectes avec tellement de talent qu’ils étaient tous les deux morts de rire pendant une bonne demi-heure avant que la jeune femme ne s’éclipse pour aller aux toilettes. Ayant finit sa quatrième bière, WeiZhu en commanda une cinquième avant de sentir une main se poser sur son épaule accompagnée d’une voix familière. Il tourna la tête pour voir de qui il s’agissait et… Oh ! Le monde était définitivement très petit ! WeiZhou ayant toujours été très sociable, il réussissait à s’entendre avec tout le monde et même s’amuser en compagnie de n’importe qui, même ses professeurs, à moins que ces derniers ne soient totalement hermétiques à ses idioties. Et encore ! Il trouvait toujours un moyen, dans ces cas-là, de les embêter un peu jusqu’à-ce qu’ils se détendent et acceptent de se rappeler que tous étaient des êtres humains, et même s’ils étaient en cours, il n’y avait pas de raison pour ne pas passer un bon moment ! Ainsi, il n’y avait rien d’anormal à ce qu’il se soit bien entendu avec son professeur de danse d’une année, d’autant qu’il s’agissait pour lui d’un loisir, et non d’un cours dans lequel il se sentait dans l’obligation d’exceller et obtenir des résultats fulgurants.

Surpris, il se leva de son siège et répondit à son accolade avant se rassoir en faisant signe à son interlocuteur d’en faire de même à côté. A ce stade, après avoir bu ces quelques bières déjà, il ne savait même plus en quelle langue Eun-Woo lui avait parlé. Il avait compris, c’était le principal. En revanche, ayant rencontré son ancien professeur directement en Chine, il eut le reflexe de lui répondre dans sa langue natale :

« Sacrée coïncidence ! »

Après tout, Séoul était une très grande ville, et ce n’était pas les bars qui manquaient ! Son air surpris le quitta tranquillement et il se remit à sourire joyeusement avant de secouer la tête, continuant toujours en chinois :

« Hmmm, un peu plus d’un mois ! »

Répondit-il à sa question. Un peu plus d’un mois et il avait déjà trouvé le moyen de déménager trois fois ! Sa main droite, dotée d’une conscience propre retournait se servir dans ses nombreux plats de poulet pour en prendre une nouvelle bouchée. Il fit d’ailleurs signe par la même occasion à Eun-Woo de se servir s’il le souhaitait. Vu la quantité, ce n’était pas partager qui allait le faire mourir de faim ! Commençant à être un peu à l’ouest, il n’avait pas fait attention si la personne à ses côtés avait elle-même un verre et proposa donc :

« Je vais recommander des bières ! »

Il héla la serveuse en levant le bras et demanda alors deux bières supplémentaires. Il termina celle qu’il avait dans la main et reposa son regard sur son ancien professeur.

« Vous passez le nouvel an seul ? »

C’était étonnant, il voyait d’ordinaire essentiellement des groupes, même parmi les plus vieux. Il vouvoyait Eun-Woo tel qu’il le faisait normalement en étant son élève, et de toute façon, jusqu’à preuve du contraire, WeiZhou était plus jeune. Le respect des plus vieux était encré dans ses mœurs.

« Buvons ensemble ! »

Proposa-t-il alors avec conviction, pas le moins du monde dérangé par le fait qu’ils étaient en premier lieu, élève et professeur. Il lui tendit la seconde bière qui lui avait été amenée en s’inclinant très légèrement, ne perdant toujours pas de vue le respect des aînés alors qu’il continuait à sourire de façon très communicative.

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Eun-Woo & Wei Zhou

Sachant qu'il allait devoir parler chinois durant son parcours, Eun-Woo avait un peu perfectionné cette langue qu'il connaissait déjà un peu afin de ne pas être à la bourre lorsqu'il allait dialoguer avec ses étudiants. Ce fut une très bonne initiative, car dès qu'il posa les pieds sur le territoire chinois, il avait été abordé dans la même langue. Il avait été heureux de pouvoir parler et de se faire comprendre. De toute façon, cette langue n'allait jamais être perdue puisque le jeune homme savait qu'il allait retourner un jour en Chine. Il voulait revoir sa tante, mais également pour revisiter le pays.

Dans le bar où il était, le professeur avait décidé de boire un verre de whisky pour commencer. Il préférait ce brevage afin de réveiller son corps et de le préparer à tout autre alcool qui allait couler dans sa gorge et enivrer ses sens. Lorsqu'il avait tourné la tête sur la côté, il avait remarqué une silhouette familière. Son nom lui était tout de suite venu en tête et le jeune homme s'était levé afin de venir le voir. Il avait déposé une main chaleureuse sur son épaule en prononçant son prénom. Il espérait ne pas s'être trompé. C'était toujours gênant de confondre quelqu'un. Il avait eu raison sur la personne et il se leva de son siège afin de lui rendre son accolade. Lorsqu'il l'invita à s'asseoir à ses côtés, le professeur suivit le mouvement et s'installa à son tour. Il remarqua tout de suite l'état de son ancien élève. Il avait déjà bien avancé dans les brevages.

Eun-Woo fut bien heureux à ce moment précis - encore une fois - d'avoir perfectionné son chinois afin de pouvoir le comprendre. Cette langue ne lui était pas infaillible, mais il réussissait très bien à comprendre. Il n'était pas en Corée du Sud depuis très longtemps. Ses repères doivent encore être assez flous. Le jeune homme attrapa son verre et bu calmement une gorgée, tout en gardant un oeil discret sur son ancien élève. Il n'avait pas très envie de le voir se retrouver la tête sur la lunette de la toilette afin de fêter le nouvel an. Lorsqu'il lui demanda s'il fêtait seul le nouvel an, il échappa un léger soupire silencieux. ''- Malheureusement oui'' répondit-il. Il n'avait pas très envie de délivrer des informations aussi personnelles dans un endroit bondé et surtout que WeiZhou risquait de ne même plus s'en souvenir.

WeiZhou dirigea l'une de ses deux bières vers le professeur. Il s'inclina légèrement avec la bière entre les mains, trinquant avec l'intonation de boire ensemble pour fêter l'arrivée de la nouvelle année. EunWoo afficha un doux sourire en levant la sienne et vint l'entrechoquer en douceur avec celle de son ancien élève avant d'en boire une gorgée. "- Nous sommes là pour fêter, mais je ne voudrais pas te voir malade à cause de l'alcool.." prononcia-t-il calmement en plantant son regard sombre dans celui du jeune homme en face de lui. "- Que viens-tu espérer en cette nouvelle année à Seoul?" Il avait, bien sûr, dit le tout dans la langue chinoise afin que, malgré l'alcool, il puisse le comprendre. EunWoo a toujours été bienveillant envers les autres, un grand altruiste, et puisqu'il connaissait WeiZhou, ses préoccupations à son égard étaient plus élevées.

WeiZhou avait pris l’habitude de boire dans sa « jeunesse ». Non pas qu’il était vieux à présent, mais afin de socialiser avec ses camarades à l’université, étant en plus en général, plus vieux d’au moins un an que ceux de son année, il sortait assez souvent à l’époque. Autant au début il ne tenait pas l’alcool, autant à présent, il lui fallait en consommer beaucoup pour se sentir mal à en vomir ou perdre connaissance. C’est pour cette raison qu’il enchaînait les bières sans trop d’inquiétudes. D’autant qu’il était bien loin d’être une brindille. S’entraînant toujours régulièrement, il n’avait perdu son corps dessiné par l’armée que pendant quelques mois après son accident, mais il avait été suffisamment déterminé pour retrouver sa forme d’antan aussi vite que possible. A présent, il pouvait être fier d’arborer un corps aux muscles et à la santé aussi bons qu’il le pouvait. Et puis… Dans le pire des cas, ce ne serait pas la première fois qu’il finirait sa soirée le front contre la table, et accompagné d’un bleu le lendemain matin ! Il n’appréciait pas forcément la gueule de bois du lendemain, ou encore le temps qu’il lui fallait pour retrouver ses souvenirs de la veille… Mais il n’en avait jamais été traumatisé. Il trinqua alors avec son ancien professeur, les joues légèrement rosies par l’alcool qu’il avait déjà bu depuis qu’il était arrivé, et prit trois grandes gorgées supplémentaires de sa nouvelle boisson avant de poser sa main tenant le verre sur la table.

Il pencha légèrement la tête sur le côté en entendant les paroles de son interlocuteur, et reposa une main légère sur l'épaule de Eun-Woo comme pour balayer ses inquiétudes avec un sourire tranquille :

« Pas de problème pas de problème, je suis parfaitement OK ! I’m fine ! »

Il retira sa main. Il avait l’habitude d’incorporer régulièrement des morceaux de phrases en anglais dans ses conversations, alors il était parfaitement normal pour lui en ayant bu, de continuer à s’exprimer ainsi. Il se trouvait drôle... Evidemment :') Il avait un air parfaitement insouciant et dégageait un sentiment de sérénité vis-à-vis de… Tout. Il n’était vraiment pas le genre de personne à qui l’on pouvait deviner de quelconques problèmes au premier regard, son sourire était bien trop contagieux, et il semblait lui-même bien trop déterminé à croquer la vie à pleines dents ! Il regarda devant lui un instant en entendant la question que Eun-Woo lui posa ensuite. Ce qu’il espérait trouver… Hm… C’était bien vague comme question ! Pour son cerveau un peu brumeux, il dût réfléchir quelques secondes avant de reposer son regard sur son interlocuteur :

« J’aimerais démarrer ma carrière d’acteur et musicien ! »

C’était ce qu’il avait trouvé de plus proche comme réponse à ce questionnement. Il espérait… Avoir eu raison de faire le choix de voyager, il espérait avoir la chance de pouvoir continuer à avancer, tendre vers ses buts. Il espérait vivre et être heureux, au jour le jour. Il se demandait à présent comment formuler ce genre de chose à l’oral, mais abandonna le projet après quelques secondes, préférant plutôt renvoyer la question, en quelques sortes.

« Et vous ? Êtes-vous toujours professeur ? »

Il tendit sa main libre avec des baguettes pour manger encore un peu de pop corn de poulet en attendant attentivement la réponse d’Eun-Woo.

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